Description : L’étude contrôlée de Woody et coll. (1985) concernant l’impact de l’association dépression-trouble de la personnalité sur le résultat de la psychothérapie conduit à une conclusion apparemment différente de celle de Diguer (1993) qui montre l’impact négatif que peut avoir l’existence d’un trouble de la personnalité associé à un trouble sur le résultat de la psychothérapie. Ici, le trouble de la personnalité est une sociopathie. La présence d’une sociopathie a été considérée comme un fort facteur prédictif de faible réponse à la psychothérapie. Ce constat a été largement attribué à la faiblesse ou à l’absence de relations interpersonnelles ainsi qu’à la présence d’un comportement antisocial chez les sociopathes. En dépit d’expériences de prise en charge de la sociopathie largement rapportées, il y a eu peu d’évaluations systématiques des effets de la psychothérapie chez les individus sociopathes. Woody et coll. (1985) ont étudié cette question, à partir de groupes de patients dépendants aux opiacés, selon qu’ils présentaient ou non un diagnostic additionnel de trouble dépressif majeur actuel. L’analyse des résultats est centrée sur trois éléments : le comportement antisocial, la sévérité générale des symptômes psychiatriques, et l’incapacité de former des relations significatives. Pratiquement toute la population présente avait une histoire de comportement antisocial. Cependant, en dépit de cet arrière plan d’activité criminelle, la psychothérapie « d’expression et de soutien », associée au conseil et à la structure générale du programme, a généralement produit des bénéfices clairs, et particulièrement pour les patients qui présentaient d’autres diagnostics (par exemple, une dépression) et qui avaient été traités par la psychothérapie traditionnelle. Ce groupe aurait dû avoir la réponse la plus faible à la psychothérapie du fait qu’il présentait la combinaison de symptômes la plus sévère. Et pourtant, la réponse à la psychothérapie dans ce groupe s’est révélée généralement positive, avec des améliorations significatives concernant l’emploi, l’usage de drogue, le statut légal et le fonctionnement psychiatrique. L’hypothèse défendue par les auteurs est que dans ces conditions particulières, la dépression pourrait être un facteur d’ouverture du champ relationnel chez ces patients et être, paradoxalement, à l’origine des bons résultats obtenus. |