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Psychothérapie et recherche : Le lien essentiel

L et E Luborsky. Psychotherapy and Research : The Vital Link, Rowman & Littlefield Publishing Group, Inc., 2006

Commentaires : Dr Brigitte Lapeyronnie, juin 2006

« Ce livre rassemble le travail clinique et la recherche très élaborée et prestigieuse, menés par le Dr Lester Luborsky et ses nombreux collègues durant les trente dernières années. Recherche et Psychothérapie est une contribution importante à la littérature et sera d’une grande aide pour les psychothérapeutes qui sont intéressés à mieux connaître la pratique et la recherche menées avec une thérapie de soutien et d’expression. »
Jacques P. Barber, PhD, Center for Psychotherapy Research, Department of Psychiatry, University of Pennsylvania School of Medicine

« Présentations concises des contributions fondamentales du chercheur en psychothérapie le plus distingué. Texte merveilleux pour introduire les principes et les méthodes de la recherche en psychothérapie. »
Sidney J. Blatt, PhD. Auteur de Experiences of Depression : Theorical, Clinical and Research Perspectives

J.P. Barber et S. Blatt, deux chercheurs renommés rendent ainsi hommage en quatrième de couverture, au nouveau livre de Lester Luborsky et d’Ellen Luborsky : Psychothérapie et Recherche : Un lien essentiel.
Ce livre, facile à lire pour un francophone, vient compléter celui datant de 1984 et paru en français en 1996 : Principes de psychothérapie analytique. Il s’agit ici de rendre compte du lien essentiel, pour reprendre les termes des Luborsky, qui existe entre la recherche et la psychothérapie.
Il n’est pas évident au premier abord de pouvoir lier ces deux disciplines. Recherche et clinique ne partagent pas au départ les mêmes méthodes d’investigation. Les chercheurs peuvent regarder avec suspicion les raisonnements des cliniciens et douter de la valeur des découvertes cliniques. Les cliniciens peuvent regarder avec méfiance les résultats de la recherche pensant qu’ils ne rendent pas compte des résultats cliniques, les réduisant ou les distordant. Les deux discours sont fondés. Luborsky et ses collaborateurs pensent depuis longtemps qu’il y a tout de même des moyens de rapprocher et même de rassembler ces domaines. Cette idée va constituer le sujet central du livre et le thème général du chapitre d’introduction.

Pour que ce lien existe, la recherche doit utiliser des méthodes qui sont adaptées à la nature du processus de la psychothérapie. Une autre façon de l’exprimer est de dire que les méthodes doivent pouvoir mesurer les formes de découvertes qui ont lieu au cours de la pratique même de la psychothérapie. Le projet est ambitieux, mais les Luborsky l’ont progressivement et courageusement mené. Ils ont inventé des méthodes qui ont d’abord été issues de la pratique clinique avant d’être appliquées à la recherche pour, dans un deuxième temps, parvenir à correspondre aux standards scientifiques et être valides. Le chemin s’est fait dans ce sens et il est important de le souligner. Un chapitre entier est consacré aux 4 méthodes de recherche clinique issues de la pratique de la psychothérapie de soutien et d’expression : Le CCRT, la méthode « symptôme en contexte », l’ESM et la méthode de l’alliance thérapeutique. (Certains de ces outils sont disponibles sur le site). Ces quatre outils constituent un ensemble cohérent, bien adapté aux recherches sur les psychothérapies de soutien et d’expression.

Une autre difficulté rencontrée, pour qu’une recherche puisse être valide, est que les chercheurs doivent examiner le même processus. La difficulté peut paraître insurmontable car nous savons par exemple que deux traitements au nom de label identique peuvent en fait être menés de manière très différente. Ainsi, les Luborsky ont eu le souci de bien décrire ce qu’ils entendent par psychothérapie de soutien et d’expression afin que cliniciens et chercheurs puissent parler du même sujet et utiliser le même langage lorsqu’ils explorent l’efficacité d’une psychothérapie. Le troisième chapitre du livre est consacré aux principes et aux méthodes de la psychothérapie de soutien et d’expression, donnant des repères très précis, notamment de début et de fin de thérapie. On retrouve les idées essentielles énoncées en 1984, mais qui sont davantage précisées.

Un quatrième chapitre discute de l’utilisation d’autres formes de traitement (comme la médication) avec la psychothérapie de soutien et d’expression : 7 principes issus de la recherche ou/et de la pratique sont énoncés à ce sujet : 1) Les traitements associant psychothérapie et médication tendent à être plus efficaces pour certains patients que la psychothérapie seule ; 2) La nature et la sévérité de l’état du patient affectent le résultat ;  3) La prise de médicaments peut avoir des effets négatifs comme des effets positifs sur la psychothérapie ; 4) Les psychothérapeutes qui ne sont pas qualifiés pour prescrire devraient collaborer avec un expert en prescription ; 5) Le thérapeute devrait s’enquérir de ce que signifie la prise de médicaments pour chaque patient ; 6) Le patient devrait comprendre les effets attendus des médicaments ; 7) La prescription ne devrait pas se substituer à la confrontation du problème relationnel patient-thérapeute. Le texte se poursuit sur la recherche portant sur la psychothérapie associée au traitement médicamenteux.
Ce chapitre développe ensuite la question de la comparaison de la psychothérapie de soutien et d’expression à d’autres psychothérapies et de l’association de plusieurs psychothérapies, citant de nombreuses études anciennes ou assez récentes (années 2000).

Le dernier chapitre clôt ce livre en revenant sur le lien entre psychothérapie et recherche. La conclusion comme l’introduction fait allusion à la pratique fondée sur les preuves et aux traitements qui sont « soutenus empiriquement ». Nous connaissons l’opinion de Luborsky à ce sujet avec ce qui est désormais connu sous le nom de « Dodo Bird verdict » (l’équivalence d’effets), c’est-à-dire que toutes les psychothérapies de bonne foi fonctionnent : elles ont « tendance à donner des résultats bénéfiques ». Si l’idée de trouver un soutien empirique à des formes particulières de traitement pourrait être une bonne idée au sens d’avoir le souci de connaître et de mettre en œuvre le meilleur traitement pour un patient particulier, la façon dont cette idée a été mise en pratique est critiquable, rappelle Luborsky. Les études menées pour trouver ce soutien empirique partent du monde de la recherche, et pour avoir une étude correcte, les chercheurs sont amenés à sélectionner les patients et les méthodes pour les adapter à leur méthode de recherche. Cette approche ne prend pas en compte la complexité de la personnalité du patient ni de sa dynamique fonctionnelle, comme cela est souligné dans les articles récents de Westen, Novotny & Thompson Brenner, 2004 (voir résumé). Le mouvement des thérapies soutenues empiriquement néglige aussi la question de l’allégeance du chercheur (voir article de Luborsky, Rosenthal et coll. , 2002). Luborsky annonce un prochain article co-écrit avec Barrett à ce sujet. Les comparaisons entre thérapies peuvent sembler plus « objectives » qu’elles ne le sont en réalité, surtout lorsque les études comparent des traitements « compétitifs » ou controversés.
Dans cette conclusion, Luborsky lance 20 nouvelles idées de recherche qui devraient occuper les chercheurs-cliniciens dans les années futures. Parmi ces idées, on peut relever celles-ci :

Luborsky paraît toujours animé d’une curiosité infatigable, ayant foi en l’enrichissement mutuel de la recherche et de la pratique de la psychothérapie à la condition qu’« elles forgent un chemin qui respecte les deux formes d’investigation. »
Par les quatre méthodes de recherche que les Luborsky proposent, le lien essentiel pratique-recherche est possible. Ces méthodes provenant de la compréhension des processus psychothérapiques donnent une dimension scientifique aux concepts cliniques fondamentaux.
« Les résultats de la recherche peuvent enrichir la pratique clinique, pas seulement en lui donnant une crédibilité, mais en donnant des outils supplémentaires et une compréhension supplémentaire. »

Des appendix sont ajoutés :
Les catégories standard du CCRT et la cotation de ce dernier
Le questionnaire I de l’alliance thérapeutique
Les échelles de cotation pour la psychothérapie de soutien et d’expression limitée dans le temps.

Liens sur le site :
Portrait de Luborsky
Le CCRT, L’ESM

 

 

 

 

 


Dernière mise à jour : 16/11/06 info@techniques-psychotherapiques.org