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Editorial

La compétence en psychothérapie

Monique et Jean-Michel Thurin

Le problème de la compétence est au coeur des débats actuels pour l'accès au titre de psychothérapeute. Mais l'on s'y perd et l'on se demande qui est considéré compétent pour mener des psychothérapies aux yeux de nos politiques et même parfois de nos collègues...

Nous ne situerons pas le débat à ce niveau, mais nous tenterons de réfléchir à la notion de compétence. Est-ce une aptitude, un savoir agir, un savoir faire, un savoir écouter ? Une aptitude à savoir faire ?
Le terme psychothérapie désigne une méthode thérapeutique pour traiter des troubles liés au psychique. Quelles compétences peut-on attendre d'un thérapeute pour un domaine aussi large ?

Mark Aveline a mis l'accent sur cette question à l'occasion de sa présidence de la Society for Psychotherapy Research (2003-2004).
Il existe sans doute une aptitude particulière. Une étude de Luborsky et al. (1986) a montré que certains thérapeutes avaient de façon régulière de meilleurs résultats, mais qu'il existait également des différences suivant les domaines, les uns étant meilleurs pour résoudre les symptômes cibles, tandis que d'autres étaient meilleurs pour l'amélioration du fonctionnement interpersonnel. Une autre étude de Luborsky et al. (1997) a montré que, dans une population de patients déprimés et toxicomanes, ces différences ne dépendaient ni de la gravité des cas, ni de la technique utilisée.

Plusieurs facteurs liés au caractère du thérapeute se sont avérés avoir des effets potentiellement négatifs : la recherche de l'exploit, une hostilité et une séduction inconsciente excessives, une rigidité technique, des interprétations destructrices, le renforcement de la dépendance et les reproches faits au patient de son manque de progrès.

Un point central de la psychothérapie est la gestion du transfert et du contre-transfert par le psychothérapeute. Il a été particulièrement étudié dans le cadre des psychothérapies psychodynamiques. Le contre transfert est, pour le dire vite, le point aveugle posé devant un conflit que le thérapeute ne peut gérer face à son patient. Sa compétence, ici, est d'abord sa capacité à reconnaître ce point aveugle comme tel, de l'élaborer afin de pouvoir poursuivre avec son patient (1).
Le contre-transfert est sans doute très intriqué avec la compréhension, cette capacité d'appréhender et de reconnaître l'expérience d'autrui, son monde, qui suppose de ne pas imposer ses propres croyances et une certaine plasticité du self.

Il y a aussi le fait de savoir repérer les ruptures de la relation et d'être capable de les réparer dans l'interaction, alors même que celle-ci pose problème.

La compétence, on le voit ici ne se réduit pas à un don, une empathie. C'est le produit d'un travail qui s'acquiert au fil de l'expérience propre, celle de l'autre, mais aussi celle de ses propres réactions, tendances, sentiments. Mais là n'est qu'un versant de la compétence pour mener une psychothérapie, car bien entendu cette" limite" du psychothérapeute s'inscrit dans un processus psychopathologique dont il faudra bien qu'il ait une formation pour saisir ce dont souffre son patient. Qui dit formation dit enseignement ;dans ce cadre précis, il sera théorique et clinique.

 

Au bout du compte, on pourra sans doute parler de compétences : une somme d'acquisitions à différents niveaux : expérience propre, théorie, clinique et pratique qui participent à une représentation chez le thérapeute de ses capacités, mais aussi … de ses limites .

 

Aveline M. The person of the therapist. Psychotherapy Research 2005 ; 15 (3) : 155-164

Luborsky L, Crits-Christoph P, McLellan AT, Woody G, Piper W, Liberman B, Imber S, Pilkonis P. Do therapists vary much in their success? Findings from four outcome studies. Am J Orthopsychiatry. 1986 56(4):501-12.

Luborsky L, McLellan AT, Diguer L, Woody G, Seligman DA. The psychotherapist matters : comparison of outcomes across twenty-two therapists and seven patient samples. Clinical Psychology : science and practice 1997 ; 4:53-65

1. De façon un peu caricaturale, on peut citer ici la longue liste de questions (Bernstein L & Bernstein RS. Interviewing : a guide for health professionnals. New York : Apleton-century-Crofts, 1980) que peut se poser le psychothérapeute pour aborder son contre-transfert.
Par exemple :
- Est-ce que je crains le rapprochement à tel point que je commets une erreur en étant indifférent, rejetant, et froid ?
- Est-ce que j'ai besoin de me sentir important et, ainsi, garde mes patients dépendants de moi, les privant ainsi de leur indépendance et d'assumer leur responsabilité de leur propre bien-être ?

 

 


Dernière mise à jour : 25/01/07 info@techniques-psychotherapiques.org