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Le site des recherches fondées sur les pratiques psychothérapiques

Éditorial

Pourquoi et comment une psychothérapie est-elle efficace ?

Jean-Michel THURIN.
03/09/2012

Pendant plusieurs décennies, l'efficacité des psychothérapies a été appréhendée en comparant les changements consécutifs à la mise en oeuvre d'une psychothérapie testée à ceux d'une absence de traitement ou à un traitement "comme d'habitude". Cette méthode est celle des essais contrôlés randomisés appliqués en laboratoire (ECRs). Dès le départ, et plus encore à partir des années 2000, de nombreuses critiques ont été adressées à cette méthode. Elles concernaient à la fois les conditions associées à son caractère expérimental (portant sur des troubles isolés chez des patients sélectionnés sur ce critère, pendant une durée brève voire très brève pour éliminer l'effet des événements contextuels durant son déroulement, respectant une technique précisément spécifiée aux dépens de l'ajustement à la situation particulière des patients, ...), à des éléments plus généraux (effet sur les résultats de l'allégeance du chercheur à sa théorie de référence ), aux limites d'application de ses résultats à la pratique (les ECRs décrivent une efficacité potentielle qui ne répond pas aux problèmes que posent les patients "réels", dont le problème majeur est généralement davantage celui de leur personnalité et de son histoire, que du problème particulier pour lequel il vient consulter).

En outre, après examen et au delà des incroyables campagnes de communication auxquelles ces résultats d'études ont donné lieu, il s'est avéré que la cause alléguée du résultat (l'application d'une technique particulière relative à une théorie particulière) ne se trouvait pas nécessairement vérifiée. Autrement dit, l'action à laquelle le changement était attribué n'en était pas toujours la véritable cause (l'exemple pris régulièrement est celui de la remédiation cognitive dans la dépression)

Un mouvement s'est déclenché pour modifier cette situation et rétablir des méthodologies qui reviennent à l'essentiel, c'est à dire de vraies démontrations et des objectifs qui concernent la clinique et à la qualité des soins. Un des leaders de ce mouvement est A Kazdin qui a travaillé dans le champ de la pédopsychiatrie, notamment à propos des troubles des conduites et de la place de la guidance familiale dans la prise en change de ces troubles. Il a aussi été dès 1980 un pionnier de la recherche à partir des cas isolés et l'ouvrage qu'il a publié sur le sujet ( Single-Case Research Design) a été complété et régulièrement réédité. Récemment, en 2011, un distinction particulière lui a été décernée : l'Award de l’Association Américaine de Psychologie.

Le discours qu'il a prononcé à cette occasion traite de l’évolution des questions relatives à la recherche en psychothérapie dans plusieurs perspectives : - celle des apports et des limites des essais contrôlés randomisés, - celle de la santé publique, en termes de besoin d’interventions psychothérapiques, de limitations à leur accès et de nouvelles modalités qui peuvent partiellement y suppléer, - celle de la nécessité de déterminer les composants essentiels du traitement psychothérapique, de décrire comment ils sont impliqués dans les changements et par quels mécanismes internes il y participent.

La première étape de ce nouveau programme de la recherche en psychothérapie est de décrire pas-à-pas les processus qui conduisent au changement et les composants qui sont nécessaires, suffisants et facilitants pour qu’il se produise.

L’étape suivante est de comprendre pourquoi ces composants sont nécessaires. Cette opération recherche ou vérifie la relation qui existe entre l’action thérapeutique et les dysfonctionnements internes ou externes (environnementaux) qui sous-tendent les troubles manifestes. Autrement dit, c’est la cohérence qui relie l’action thérapeutique, non seulement aux manifestations symptomatiques, mais aussi à leur causes actuelles à partir de l’analyse fonctionnelle, qui permet de faire la preuve de l’efficacité de l’action thérapeutique.

Une troisième étape est de déterminer comment, par quels mécanismes, la psychothérapie est susceptible d’agir en relation aux connaissances actuelles, notamment celles issues des neurosciences sur les effets de certaines expériences subjectives et leurs corrélations biologiques.

Ce programme correspond très exactement à l’orientation générale de la recherche qui est menée dans le cadre du Réseau de recherches fondées sur les pratiques psychothérapiques, dans un contexte général qui n’est pas forcément encore bien informé de l’évolution qui s’est produite au cours des 30 dernières années dans ce champ (point qu’A Kazdin aborde dans la première partie de sa conférence). Cet article la décrit de façon particulièrement intéressante. Il est accessible en ligne à l'adresse suivante: http://psycnet.apa.org/journals/amp/66/8/682/

Pour celles et ceux qui sont intéressés par une lecture en français, nous allons mettre en ligne pour une période limitée la traduction de plusieurs articles d'A Kazdin où l'on retrouve les bases de son programme actuel.

Le premier d'entre eux est celui qu'il a publié avec Nock en 2003.

 


Dernière mise à jour : 19/09/11 info@techniques-psychotherapiques.org