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Le site des recherches fondées sur les pratiques psychothérapiques

Éditorial

Le Réseau de Recherches Fondées sur les Pratiques Psychothérapiques a deux ans. Une nouvelle étape.

par Jean-Michel Thurin

Le Réseau de Recherches Fondées sur les Pratiques Psychothérapiques a deux ans.

Depuis sa sélection par l’Inserm, en février 2008, une activité intense a été menée, tant par les membres du comité de pilotage que par les cliniciens qui s’y sont engagés, pour le faire vivre et le développer. Les enjeux sont considérables. Le développement d’une recherche empirique rigoureuse issue de la réalité clinique est devenue aujourd’hui plus que jamais nécessaire pour mieux comprendre et faire connaître dans quelles conditions et comment une psychothérapie marche. Ces questions, qui convoquent la complexité, impliquent les résultats mais ne s’y réduisent pas. L’ensemble place l’évaluation des processus de changement dans une position qui, tout en étant naturelle pour le clinicien, est aussi professionnelle et au coeur des progrès qui peuvent être réalisés dans le champ.

La première étape a été de construire le réseau, d’y intéresser les cliniciens et de conduire les premières études systématiques de cas isolés dans chaque pôle (autisme et troubles envahissants du développement, borderline adultes et adolescents, Alzheimer et troubles apparentés), de l’indication jusqu’à l’analyse complète des résultats. Cette étape est aujourd’hui réalisée.

Les quatre études intensives de cas présentées dans le numéro 63 de Pour la Recherche font bien apparaître que les informations qu’elles apportent sur la nature, la gravité et les facteurs qui contribuent à l’origine et à la dynamique des troubles enrichissent considérablement le diagnostic catégoriel et introduisent l’approche qui peut être mise en oeuvre. L’analyse des effets est initiée à partir des mesures multi-dimensionnelles répétées qui portent non seulement sur la gravité des symptômes, mais aussi sur les fonctionnements sociaux et la relation à la réalité, indicateurs de psychopathologie mais aussi de santé. La description des éléments les plus caractéristiques du processus psychothérapique qui sous-tendent cette évolution permet ensuite de mettre en relation les effets avec l’action thérapeutique et les principaux facteurs qui la déterminent à différents temps. Des hypothèses peuvent être alors inférées à ce sujet sur des bases partagées.

Un autre résultat, inscrit dans les objectifs du réseau, est d’avoir démontré la possibilité et le caractère fructueux d’une collaboration étroite cliniciens-chercheurs. Les cliniciens soulignent l’effet profond de cette recherche sur leur pratique et l’intérêt des discussions cliniques structurées en groupes de pairs, ouvrant à une véritable « intervision ». L’objectivation de la pluralité des approches et des modalités de prise en charge au cas par cas devient dans ce contexte une ouverture et une opportunité pour saisir la réalité de l’ajustement en psychothérapie. Elle fait ressortir, en contraste, le caractère hasardeux et même désastreux des comparaisons globales entre « marques » que l’on voit encore fleurir, voire encourager.

La seconde étape est engagée depuis le début janvier. C’est la poursuite du recrutement des patients et du suivi de leur processus individuel d’évolution, la mise en route des analyses comparatives de cas progressivement réunis dans une base de données. Ces analyses permettront d’aborder des questions diagnostiques, développementales et techniques telles que celles que l’on a vu s’esquisser au cours de la journée d’étape. Elles porteront d’abord sur la comparaison des trajectoires de cas analogues et l’interrogation de leurs similitudes et différences. Ces observations devraient permettre de préciser s’il existe des profils types d’évolution, quels sont les principaux facteurs de changement dans des situations définies et les « fonctions pivots » qui déterminent un changement structurel. Le retour potentiel des connaissances sur les pratiques peut être important. Une des questions sous-jacentes est évidemment celle de la congruence entre une action psychothérapique et son effet sur une cause, dans un contexte défini.

Chaque cas inclus par un clinicien apporte sa contribution à cette entreprise difficile. Le réseau ouvre dès à présent des perspectives passionnantes dans le champ de la recherche, de la formation et des pratiques en psychothérapie. Nous vous appelons à y participer.

 


Dernière mise à jour : 5/05/10 info@techniques-psychotherapiques.org