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Le site des recherches fondées sur les pratiques psychothérapiques

Éditorial

Et si les praticiens avaient leur mot à dire sur la meilleure façon de traiter leurs patients ?

par Jean-Michel Thurin et Monique Thurin

Une longue période a été marquée par le postulat que les meilleures approches thérapeutiques se construisaient et se testaient en laboratoire et qu'elles devaient ensuite être appliquées le plus scrupuleusement possible en conditions naturelles pour obtenir les meilleurs résultats. Si ce principe se comprend parfaitement pour beaucoup de traitements médicaux, il a montré ses limites dans les champ des psychothérapies, notamment lorsqu'elles concernent des troubles complexes.

Une autre approche s'est ainsi dessinée puis construite, utiliser les pratiques cliniques réelles comme le meilleur espace où l'ajustement thérapeutique et l'innovation peuvent se développer dans des conditions ordinaires et donc potentiellement se reproduire (cela correspond globalement à ce qui se passe chez le praticien au fur et à mesure que son expérience s'accroît, il ne redémarre pas à zéro avec chaque patient qui vient le consulter).

Cette perspective qui paraît simple et de bon sens s'est toutefois longtemps heurtée à un problème : s'il est relativement simple de concevoir des indicateurs de changement qui aient une véritable signification clinique, comment saisir "l'insaisissable" de la pratique psychothérapique ? C'est à dire le processus en permanente mutation des changements qui se produisent, non seulement chez le patient, mais également dans la technique mise en oeuvre par le praticien en fonction de cette évolution et dans le contexte des interactions patient-thérapeute ? Beaucoup de personnes ont imaginé que les miracles de la technologie, de la linguistique et de l'informatique permettraient peut-être un jour de transformer un corpus enregistré en compréhension de ce qui s'était passé et en méthode de traitement, tandis que d'autres décrivaient au mieux les cas qu'ils avaient suivis dans la même perspective. La première perspective (la "marmite magique") est restée dans le champ des fantasmes, tandis que la seconde, celle du cas isolé "unique", se heurtait au scepticisme ou tout simplement aux limites du cas isolé dans ses capacités de généralisations.

L'idée d'une méthodologie qui permettrait de structurer le recueil des données et surtout leur analyse s'est développée et l'on a vu commencer à apparaître quelques instruments consacrés à l'étude des processus. Cette étude des processus a fonctionné de façon un peu circulaire (observationnelle du processus lui même) jusqu'à ce qu'elle s'oriente vers des questions plus directes, par exemple : est-ce que l'approche psychothérapique mise en oeuvre par les cliniciens a une certaine spécificité (n'est pas seulement, au delà du discours théorique, un assortiment de facteurs communs à toutes les approches, que finalement seul l'emballage et la présentation différentieraient), est-ce qu'il y a une relation particulière entre le type de situations cliniques que l'on rencontre et l'approche utilisée (ou bien, comme cela a longtemps été le cas dans le champ des psychothérapies, est-ce que c'est encore le royaume de la méthode unique qui guérit tout ?), est-ce que cette façon particulière d'aborder et de traiter une situation clinique est efficace ? etc.

C'est dans ce contexte que s'est constitué le Questionnaire de formulation du Processus Psychothérapique (PQS : Psychotherapy Process Q-set), à partir de la méthodologie du Q-sort (tri de questions) qui est utilisée dans de nombreux autres domaines que la psychothérapie et qui permet de classer ce qui paraît important par rapport à ce qui l'est moins. C'est l'instrument que nous avons choisi pour l'EPP et le Réseau en raison de sa qualité de discrimination clinique et de sa (relative) facilité de passation dans un contexte aussi complexe. Nous ne sommes pas les seuls à avoir fait cette analyse puisque c'est un instrument qui a un développement régulier et permanent d'utilisation au niveau international.

Depuis vingt ans, une série d'articles lui ont été consacrés, d'abord pour le présenter, puis pour montrer comment il pouvait être utilisé pour éclairer des aspects relativement énigmatiques sur les résultats paradoxaux que présentaient des études bien menées. L'une des découvertes les plus frappantes est certainement qu'il y a un monde entre les pratiques "idéales suivant la théorie générale" et les pratiques réellement mises en oeuvre, entre ce que l'on fait et ce que l'on croit faire. Cela ne veut évidemment pas dire que les praticiens font "n'importe quoi" car il y des régularités et des tests d'efficacité qui démontrent le contraire, mais justement que souvent - à leur insu - les pratiques convergent en fonction des objectifs liés à une situation clinique.

Nous allons présenter ce parcours qui est ouvert et qui s'intéresse à des questions plus "pointues" comme les processus de changement et leurs mécanismes à travers une brève présentation et quelque fois une traduction des parties les plus importantes d'une quinzaine d'articles consacrés au PQS.

JMT et MT

 

 


Dernière mise à jour : 21/04/09 info@techniques-psychotherapiques.org