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Le site des recherches sur les psychothérapies psychodynamiques

Rapport de la Force de proposition présidentielle de 2005 sur la Pratique Basée sur la Preuve

Ronald F. Levant, EdD, MBA, ABPP, President

American Psychological Association

2005 Presidential Task Force on Evidence-Based Practice
American Psychological Association. July 1, 2005

http://www.apa.org/practice/ebpreport.pdf

Traduction JM Thurin, B Lapeyronnie et M Thurin©
Document interne de travail     


Carol D. Goodheart, EdD, Chair
Independent Practice
Princeton, New Jersey

Ronald F. Levant, EdD, MBA, ABPP (Ex-Officio)
Professor, Center for Psychological Studies
Nova Southeastern University

David H. Barlow, PhD
Professor of Psychology and Psychiatry
Director, Center for Anxiety & Related Disorders
Boston University

Jean Carter, PhD
Independent Practice
Washington, DC

Karina Davidson, PhD
Associate Professor of Behavioral Medicine in
Medicine & Psychiatry
Director of Intervention Research
Behavioral Cardiovascular Health &
Hypertension Program
Behavioral Cardiovascular Health
Columbia University

Kristofer J. Hagglund, PhD
Professor and Associate Dean for Heath Policy
School of Health Professions
University of Missouri –Columbia

Steven D. Hollon, PhD
Professor of Psychology, Clinical Science
Vanderbilt University

Josephine D. Johnson, PhD
Independent Practice
Livonia, Michigan

Laura C. Leviton, PhD
Senior Program Officer
Robert Wood Johnson Foundation

Alvin R. Mahrer , PhD
Emeritus Professor, School of Psychology
University of Ottawa

Frederick L. Newman, PhD
Professor, Healthcare Policy and Management
Stempel School of Public Health
Florida International University
John C. Norcross, PhD
Professor and former Chair, Department of
Psychology
University of Scranton

Doris K. Silverman, PhD
Training and Supervising Analyst and Faculty
Institute for Psychoanalytic Training and Research
New York University

Brian D. Smedley, PhD
Research Director
The Opportunity Agenda

Bruce E. Wampold, PhD
Professor, Department of Counseling Psychology
University of Wisconsin

Drew I. Westen, PhD
Professor, Department of Psychology and
Department of Psychiatry and Behavioral Sciences
Emory University

Brian T. Yates, PhD
Professor, Department of Psychology
American University

Nolan W. Zane PhD
Professor, Psychology and Asian American Studies
Department of Psychology
University of California, Davis

APA Staff:

Geoffrey M. Reed, PhD
Lynn F. Bufka, PhD
Ernestine Penniman
Practice Directorate

Paul D. Nelson, Ph.D.
Cynthia D. Belar, Ph.D.
Education Directorate

Merry Bullock, Ph.D.
Science Directorate





Depuis les toutes premières conceptions de la psychologie appliquée, telles que les présenta Lightner Witmer qui créa le premier centre de soin psychologique en 1896 (McReynolds, 1997), les psychologues ont été profondément et directement associés à une approche du soin du patient basée sur la preuve. Comme Witmer l'a souligné (1907/1996, p 249), "les sciences pures et appliquées avancent suivant un front unique. Ce qui retarde le progrès de l'un retarde le progrès de l'autre". Dès 1947, l'idée que les doctorants en psychologie dussent avoir à la fois une formation de scientifiques et de praticiens devint la politique de l'Association Américaine de Psychologie (APA) (Shakow, Hilgard, Kelly, Luckey, Sanford, & Shaffer, 1947). Des praticiens du début tels que Frederick C. Thorne élaborèrent les méthodes suivant lesquelles les psychologues praticiens intègrent la science dans leur pratique en associant l'application de l'approche expérimentale au cas individuel dans la propre expérience du clinicien" (Thorne, 1947, pg. 159). Ainsi, les psychologues ont été au premier plan du développement de la pratique basée sur la preuve pendant des décennies.

La pratique basée sur la preuve en psychologie est ainsi cohérente avec les vingt dernières années de travail dans la médecine fondée sur la preuve, qui ont défendu l'amélioration des résultats du patient en mettant en relation la pratique clinique avec la recherche qui la concerne (Sox & Woolf, 1993; Woolf & Atkins, 2001). Sackett et ses collègues décrivent l'EBM comme "l'usage consciencieux, explicite et judicieux de la meilleure preuve actuelle dans la prise de décision à propos du soin des patients individuels" (Sackett, Rosenberg, Gray, Haynes, & Richardson, 1996, pp. 72-73). L'usage et le mésusage des principes basés sur la preuve dans la pratique du soin ont affecté la répartition des fonds du soin en santé, mais pas toujours pour le bénéfice du patient. Ainsi, les psychologues, dont la formation est fondée sur des méthodes empiriques, ont un rôle important à jouer dans le développement continu de la pratique basée sur la preuve et de son objectif d'amélioration du soin du patient.

Une approche de l'implémentation de la pratique basée sur la preuve dans les systèmes sanitaires de soin a été de développer des recommandations pour la meilleure pratique. Durant la partie précoce du mouvement de pratique basée sur la preuve, l'APA a aussi reconnu le risque que les recommandations puissent être utilisées de façon inappropriée par des organisations de santé mentale commerciales qui ne seraient pas intimement familières avec la base scientifique de la pratique pour dicter des formes spécifiques de traitement et restreindre l'accès du patient à un soin spécifique. En 1992, l'APA a constitué un groupe de travail commun entre la Commission des Affaires Scientifiques (BSA), la commission des Affaires Professionnelles (BPA), et le Comité pour l'Avancement de la Pratique Professionnelle (CAPP). Le document développé par ce groupe de travail - le Modèle [Template] pour le Développement de Référentiels [Guidelines] : Interventions pour les Troubles mentaux et les Aspects Psychosociaux des Troubles Physiques - a été approuvé par le Conseil des Représentants de l'APA (APA, 1995). Le Modèle décrivait la variété de preuve qui devrait être prise en compte dans le développement des référentiels, et mettait en garde que les référentiels de pratique clinique émergents devaient être basés sur une évaluation respective soigneuse et systématique des données de la recherche et de l'expertise clinique. Le Modèle notait,

La construction réussie de référentiels repose sur la disponibilité de preuve scientifique et clinique concernant l'intervention devant être appliquée et la condition diagnostique devant être traitée. … Les échantillons (devraient) évaluer la preuve disponible suivant les règles acceptées de mérite scientifique, reconnaissant que la valeur des conclusions diffère largement pour différents corps de données (p 2).

A la fois le Modèle et le document politique révisé ultérieur qui l'a remplacé - les Critères pour l'Évaluation des référentiels de traitement (APA, 2002) - étaient tout à fait spécifiques en indiquant que la base de preuve pour toute intervention devrait être évaluée en fonction de deux dimensions séparées : l'Efficacité potentielle [efficacy] et l'Utilité Clinique. La dimension de l'Efficacité potentielle établit les critères de l'évaluation de la force de la preuve appropriée à l'établissement des relations causales entre les interventions et les troubles sous traitement. La dimension de l'Utilité Clinique inclut une prise en considérationde la preuve disponible de recherche et le consensus clinique quant à la possibilité de généraliser, la faisabilité (y compris l'acceptabilité par le patient) et les coûts et bénéfices des interventions.

Le Modèle a été utilisé pour examiner une sélection de référentiels disponibles de traitement en santé mentale et a trouvé une large diversité dans la qualité de la couverture de la littérature pertinente, ainsi qu'au niveau de la base scientifique et clinique, de la spécificité, et de la possibilité de généralisation de leurs recommandations de traitement (Stricker, Abrahamson, Bologna, Hollon, Robinson, & Reed, 1999). Même les référentiels qui étaient clairement conçus pour éduquer plutôt que pour légiférer, qui étaient interdisciplinaires par nature, et qui fournissaient une information empirique et clinique extensive ne traduisaient pas toujours précisément la preuve dont ils faisaient la revue dans les algorithmes qui déterminaient le protocole du traitement dans des configurations particulières de circonstances. les psychologues se sont particulièrement inquiétés à propos des référentiels de pratique largement diffusés qui recommandent l'utilisation de médicaments plutôt que d'interventions psychologiques en l'absence de données soutenant de telles recommandations (Barlow, 1996; Beutler, 1998; Muñoz, Hollon, McGrath, Rehm, & VandenBos, 1994; Nathan, 1998).

Les bénéfices généraux de la psychothérapie ont été établis par des revues méta-analytiques durant les années 70 (Smith & Glass, 1977; Smith, Glass, & Miller, 1980). Néanmoins, on croyait dans presque tout le système de santé que les traitements psychologiques étaient soit inefficaces, soit inférieurs aux traitements pharmacologiques pour des troubles particuliers. En 1995, le groupe de travail de la Division 12 (Psychologie Clinique) pour la Promotion et la Dissémination des Procédures psychologiques, dans un effort de promouvoir des traitements délivrés par des psychologues, a publié les critères pour identifier empiriquement les traitements validés (Chambless et al., 1996; 1998) pour des troubles particuliers. Ce groupe de travail a identifié 18 traitements dont ils ont considéré le soutien empirique bien établi sur des critères qui incluaient le fait d'avoir été testé dans des essais contrôlés randomisés (ECR) avec une population spécifique et d'avoir été mis en oeuvre en utilisant un manuel de traitement.

Bien que l'objectif ait été d'indentifier des traitements avec une preuve d'efficacité comparable à celle de la preuve d'efficacité de médicaments, et à partir de là d'éclairer la contribution des traitements psychologiques, le rapport du groupe de travail de la division 12 déclencha à la fois l'enthousiasme et la controverse. Le rapport accrut la reconnaissance du caractère démontrable de l'efficacité des traitements psychologiques parmi le public, les décideurs de santé et les programmes de formation. Au même moment, de nombreux psychologues élevèrent des inquiétudes à propos de la focalisation excusive située au niveau de traitements brefs et manuelisés ; l'accent placé sur les effets spécifiques du traitement en opposition aux facteurs communs qui interviennent pour beaucoup de la variance des résultats parmi les troubles ; et l'applicabilité à un éventail diversifié de patients variant en comorbidité, personalité, race, ethnie, et culture.

En réponse, plusieurs groupes de psychologues, incluant d'autres divisions de l'APA, ont offert des cadres additionnels pour intégrer la preuve issue de la recherche disponible. En 1999, la division 29 de l'APA (Psychothérapie) établit un groupe de travai pour identifier, opérationaliser et disséminer l'information sur les relations thérapeutiques soutenues empiriquement, étant donné l'association puissante entre le résultat et des aspects de la relation thérapeutique tels que l'alliance thérapeutique (Norcross, 2001). La Division 17 (Psychologie de Conseil) entreprit également un examen des traiements soutenus empiriquement en psychologie du conseil (Wampold, Lichtenberg, & Waehler, 2000). La Société de Médecine Comportementale, qui ne fait pas partie de l'APA mais qui partage avec elle nombre de ses membres, a récemment publié des critères pour examiner la base de preuve pour les interventions en médecine comportementale (Davidson et al., 2003). Comme il en est de cet écrit, nous sommes conscients que les groupes de travail ont eu pour mandat d'examiner des questions rapportées par un grand nombre de divisions de l'APA préoccupées par des questions de la pratique.

Au même moment que ces groupes de la psychologie s'étaient attaqués à la façon de mieux conceptualiser et d'examiner la base scientifique pour la pratique, le mouvement de pratique basé sur la preuve est devenu un dispositif clé des systèmes et de la politique de santé. Au niveau de l'état, un certain nombre d'initiatives encouragent ou exigeant l'utilisation d'une liste spécifique de traitements de santé mentale dans les programmes du Medicaid d'état (par exemple, Carpinello, Rosenberg, Stone, Schwager, et Felton, 2002 ; Chorpita et al., 2002 ; voir également Reed et Eisman, en cours d'impression, et Tanenbaum, 2005). Au niveau fédéral, une initiative commune importante de l'Institut National de Santé Mentale (NIMH) et de la DHHS Administration des Addictions et des Services de Santé Mentale (SAMHSA) se sont concentrés sur la possibilité de favoriser, de mettre en application, et d'évaluer les pratiques de santé mentale basées sur la preuve dans les systèmes de santé mentale d'état (par exemple, voir les Instituts Nationaux de la Santé, 2004). Les buts des initiatives de pratique basées sur la preuve pour améliorer la qualité et la rentabilité et pour mettre en valeur la responsabilité sont louables et largement soutenues dans la psychologie, bien que la preuve empirique d'améliorations étendues au niveau du systèmesoit encore limitée après leur mise en place. Cependant, la communauté scientifique - incluant à la fois les scientifiques et les praticiens - est préoccupée que les initiatives de pratique basée sur la preuve ne soient pas mal utilisées comme justification d'une limitation inappropriée de l'accès au soin et du choix des traitements.

La Force de proposition

C'est dans ce contexte que le Président Ronald F. Levant, Ed.D. de 2005 APA, a missionné la Commission présidentielle de l'APA sur la pratique basée sur la preuve (Task Force). La Commission a inclus des scientifiques et des praticiens issus d'un large éventail de perspectives et de traditions, reflétant les perspectives diverses dans la profession. Tous les membres de la Commission de travail ont partagé la valeur essentielle de fournir le meilleur soin basé sur la meilleure preuve disponible.

La Commission a été invitée à commencer par la définition de la pratique basée sur la preuve adaptée de Sackett, Straus, Richardson, Rosenberg et Haynes (2000) par l'Institut de médecine (2001) dans son rapport influent, Traversant l'abîme de la qualité : Un nouveau système de santé pour le 21ème siècle : "la pratique basée sur la prevue est l'intégration de la meilleure preuve issue de la recherche avec l'expertise clinique et les valeurs du patient" (p.147).

La mission de la Force de proposition était la suivante :

1. Considérer comment un large éventail de recherche de la preuve - y compris la recherche d'efficacité, la recherche en santé publique, la recherche en services de santé, et l'économie de la santé - devrait être intégré dans une considération de la preuve dans la pratique de la psychologie.

2. Articuler et expliquer l'application et le rôle approprié de l'expertise clinique dans la prise de décision d'un traitement, y compris la considération des faisceaux multiples de preuves qui doivent être intégrés par les cliniciens et la prise en considération de la recherche appropriée concernant l'expertise et la prise de décision clinique.

3. Articuler et expliquer le rôle des valeurs du patient dans la prise de décision d'un traitement, y compris la prise en considération du rôle de l'appartenance ethnique, de la race, de la culture, du langage, du genre, de l'orientation sexuelle, de la religion, del'âge, et du statut d'incapacité, et de la question de l'acceptabilité du traitement et du choix du consommateur.

La Force de proposition a été chargée de limiter son travail à la pratique basée sur la preuve telle qu'elle se rapporte aux services de santé fournis par des psychologues. Par conséquent, d'autres applications organisationnelles, communautaires, ou éducatives de la pratique fondée sur la preuve par des psychologues sont en dehors du panorama de ce rapport. De plus, la Force de proposition a été chargée de définir et d'expliquer les principes de la pratique basée sur la preuve en psychologie mais pas e développer des directives de pratique pour des psychologues individuels ou avec d'autres formes de mise en place.

Les documents appropriés au contexte ont été réunis par le staff de l'APA. Les membres de la Commission et d'autres parties intéressées ont été invités à proposer des documents supplémentaires. La Commission a tenu des réunions de débat en octobre 2004 et janvier 2005. Par un processus itératif de petits groupes de travail, de revue ultérieure et de révision de tous les avant-projets par le groupe entier, la Commission a réalisé un consensus de soutien des versions provisoires de ses deux productions primaires de travail. Celles-ci-ci étaient : 1) un avant-projet de la politique de l'APA concernant la pratique basée sur la preuve; et 2) un projet de rapport fournissant un contexte supplémentaire au rapport politique.

Le draft de la politique et celui du rapport ont été mis à l'ordre du jour du conseil consolidé de mars 2005 de l'APA et des réunions du Comité pour revue et commentaire des groupes de gouvernance. Les documents, avec une demande de revue et de commentaire, ont été également envoyés aux présidents et aux présidents désignés de toutes les divisions de l'APA ; aux présidents, présidents élus, et directeurs exécutifs de toutes les associations psychologiques provinciales et d'état; et à tous les membres du Conseil APA des représentants. En outre, la notification de la disponibilité des documents pour la revue et le commentaire a été éditée dans le Moniteur de l'APA de mars 2005 et publiée sur la page d'accueil du site Web de l'APA. Les documents ont été postés le 1 mars 2005 sous forme électronique pour la soumission des commentaires, qui étaient acceptés jusqu'au 18 avril.

Un total de 199 ensembles de commentaires ont été soumis. Huit réponses ont été soumises par des Boards et des comités de l'APA, six officiellement au nom des différentes divisions, un par Commission interdivisionelle, et un par association de la Commission d'une division et d'une organisation externe. Deux réponses ont été soumises officiellement au nom des associations psychologiques d'état. Cinq organisations externes ont envoyé des commentaires. En outre, 169 membres individuels de l'APA et sept non membres ont soumis des commentaires.

Chacun de ces commentaires a été passé en revue et discuté par la Force de Proposition dans une série de conférences téléphoniques. La Force de Proposition a tenu sa réunion finale en juin 2005. Lors de cette réunion, la Force de Proposition a réalisé le consensus sur des versions révisées du rapport politique proposé de l'APA et du rapport actuel. Ces documents sont destinés à être soumis au Conseil d'administration et le Conseil des représentants en août 2005. La Force de Proposition espère que le Conseil des représentants de l'APA approuvera le rapport annuel proposé comme politique de l'APA. La Force de Proposition souhaite que le Conseil des représentants reçoive simplement le présent rapport, qui fournit le contexte et un argumentaire supplémentaire au rapport annuel proposé.

Dans ce rapport, la Force de Proposition espère s'inscrire dans la tradition séculaire de l'APA d'attention à l'intégration de la science et de la pratique en créant un document qui décrit l'engagement fondamental de la psychologie à une pratique psychologique sophistiquée basée sur la preuve et qui tient compte de la gamme complète de preuves que les décisionnaires doivent considérer. Nous aspirons à configurer la base d'un développement ultérieur et d'une amélioration de la pratique basée sur la preuve pour l'amélioration des aspects psychologiques des soins médicaux comme ceux qui sont délivrés dans le monde.

Définition

Basé sur son examen de la littérature et de ses discussions, la Force de Proposition a convenu de la définition suivante :

La Pratique Basée sur la Preuve en Psychologie (EBPP) est l'intégration de la meilleure recherche disponible avec l'expertise clinique dans le contexte des caractéristiques, de la culture, et des préférences du patient.

Cette définition de l'EBPP met étroitement en parallèle la définition de la pratique basée sur la preuve adoptée par l'institut de la médecine (IOM, 2001, p. 147) à partir de Sackett et collègues (2000) : "la pratique basée sur la preuve est l'intégration de la meilleure preuve issue de la recherche avec l'expertise clinique et les valeurs du patient." La psychologie s'appuie sur la définition de l'IOM en approfondissant l'examen de l'expertise clinique et en élargissant la prise en considération des caractéristiques du patient. Le but de l'EBPP est de favoriser une pratique psychologique efficace et de renforcer la santé publique en appliquant des principes soutenus empiriquement d'évaluation psychologique, de formulation de cas, de relation thérapeutique, et d'intervention.

La pratique psychologique nécessite beaucoup de types d'interventions, dans des configurations multiples, pour une grande variété de patients potentiels. Dans ce document, l'intervention se rapporte à tous les services directs fournis par des psychologues de services médicaux, incluant l'évaluation, le diagnostic, la prévention, le traitement, la psychothérapie, et la consultation. Comme c'est le cas pour la plupart des discussions de la pratique basée sur la preuve, nous nous concentrons sur le traitement. Les mêmes principes généraux s'appliquent à l'évaluation psychologique, qui est essentielle pour un traitement efficace. Les configurations incluent mais ne sont pas limitées aux hôpitaux, cliniques, pratiques indépendantes, écoles, santé militaire, santé publique, instituts de réadaptation, soin primaire, centres de conseil, et maisons de repos.

Pour être conformes aux discussions de la pratique basée sur la preuve dans d'autres domaines de la santé, nous utilisons le terme de patient dans ce document pour nous référer à l'enfant, à l'adolescent, à l'adulte, à l'adulte plus âgé, aux couples, à la famille, au groupe, à l'organisation, à la communauté, ou à d'autres populations recevant des services psychologiques. Cependant, nous reconnaissons que dans beaucoup de situations il y a des raisons importantes et valides à l'usage de termes tels que client, consommateur, ou personne au lieu de patient pour décrire les destinataires des services. De plus, les psychologues visent une variété de problèmes, incluant, sans s'y restreindre, la santé mentale, les problèmes scolaires, professionnels, relationnels, de santé, communautaire, et d'autres problèmes, dans leur pratique professionnelle.

Il est important de clarifier la relation entre l'EBPP et les ESTs (traitements soutenus empiriquement). L'EBPP est le concept le plus complet. Les ESTs ont commencé par un traitement et par la question de savoir s'il marche pour un certain trouble ou problème dans des circonstances spécifiées. L'EBPP commence par le patient et demande si la preuve fournie par la recherche (incluant des résultats appropriés issus des RCTs) aidera le psychologue à atteindre les meilleurs résultats. En outre, les ESTs sont des traitements psychologiques spécifiques qui se
sont avérés efficaces dans des essais cliniques contrôlés, tandis que l'EBPP concerne un plus large éventail d'activités cliniques (par exemple, l'évaluation psychologique, la formulation de cas, les relations en thérapie). En tant que tel, l'EBPP articule un processus décisionnel pour intégrer les courants multiples de recherche de preuve, incluantles RCTs, mais ne s'y limitant pas, au processus d'intervention.

Les sections suivantes explorent plus en détail les trois composants principaux de cette définition : meilleure recherche disponible, expertise clinique, et caractéristiques du patient - et leur intégration.

 

Les meilleures preuves disponibles de la recherche

Une grande quantité de preuves scientifiques issues de différents modèles de recherche et de différentes méthodologies atteste de l’efficacité réelle des pratiques psychologiques. La littérature concernant la recherche sur l’effet des interventions psychologiques indique que ces interventions sont sûres et efficaces pour un grand nombre d’enfants et de jeunes (Weisz, Hawley & Doss, 2004 ; Kazdin & Weisz, 2003), d’adultes (Barlow, 2004 ; Nathan & Gorman, 2002 ; Roth & Fonagy, 2004 ; Wampold et al., 1997) et de personnes plus âgées (Zarit & Knight, 1996 ; Duffy, 1999) pour une grande série de problèmes psychologiques, d’addictions, de santé et relationnels. La recherche plus récente indique que, comparés à des approches alternatives, comme les médicaments, les traitements psychologiques sont particulièrement durables (Hollon, Stewart & Strunk, sous presse). De plus, la recherche démontre que la psychothérapie peut être rentabilisée et souvent l’est en termes de compensation de coûts médicaux, de productivité accrue et de satisfaction de vie (Chiles, Lambert & Hatch, 2002 ; Yates, 1994).

Les psychologues possèdent des forces distinctives dans la conception, la conduite et l’interprétation des études de recherche qui peuvent guider la pratique fondée sur les preuves. Surtout, la psychologie, en tant que science et en tant que profession, est caractéristique dans le fait d’allier l’engagement scientifique et l’accent mis sur les relations humaines et les différences individuelles. Ainsi, la psychologie peut aider à développer, élargir et améliorer le fondement de la recherche pour la pratique fondée sur les preuves.

Il y a un large consensus sur le fait que la pratique psychologique a besoin de preuves et que la recherche a besoin d’équilibrer la validité interne et la validité externe. La recherche n’abordera pas toujours tous les besoins de la pratique. Les questions essentielles concernant l’intégration de la recherche dans la pratique quotidienne incluent : a) le poids relatif à donner aux différentes méthodes de recherche ; b) la représentativité des échantillons de recherche ; c) le fait que les résultats de la recherche doivent guider la pratique au niveau des principes de changement, des stratégies d’intervention ou de protocoles spécifiques ; d) la possibilité de généralisation et d’application des traitements soutenus empiriquement en recherche contrôlée aux situations de pratique clinique ; e) le point jusqu'au quel des jugements peuvent être faits sur des traitements quand le nombre et la durée des traitements testés ont été limités ; et f) le degré avec lequel les résultats sur l’efficacité potentielle et l’efficacité réelle de la recherche peuvent être généralisés à partir des tous premiers échantillons de personnes de couleur blanche à des minorités et à des populations marginalisées (voir Westen, Novotny et Thompson-Brenner, 2004, tout comme les articles de position très différente de Norcross, Beutler & Levant, 2005). Néanmoins, la recherche sur la pratique a fait des progrès dans l’investigation de ces questions et a fourni des preuves de recherche qui sont plus sensibles à la pratique quotidienne. Il y a un consensus suffisant pour faire avancer les principes de l’EBPP.

Les enquêtes méta-analytiques faites depuis 1970 ont montré que les pratiques les plus thérapeutiques utilisées en clinique générale sont généralement efficaces pour traiter une série de problèmes (Lambert & Ogles, 2004 ; Wampold, 2001). En fait, les tailles d’effet des interventions psychologiques pour les enfants, les adultes ou les personnes âgées sont en concurrence avec ou dépassent celles des traitements médicaux largement acceptés (Rosenthal, R., 1990 ; Barlow 2004 ; Lipsey & Wilson, 2001 ; Weisz, Jensen & McLeod, 2005). Il est important de ne pas supposer que les interventions qui n’ont pas encore été étudiées dans des essais contrôlés sont inefficaces. Les interventions spécifiques qui n’ont pas encore été sujettes à un test systématique empirique pour des problèmes spécifiques ne peuvent pas être soupçonnées d’être efficaces ni d’être inefficaces ; elles sont simplement non testées à ce jour. Les pratiques psychologiques largement utilisées, tout comme les innovations développées en pratique ou en laboratoire, devraient être rigoureusement évaluées et les obstacles pour mener cette recherche devraient être identifiés et abordés.

Les nombreux types de recherche de la preuve

Les meilleures preuves de la recherche se réfèrent aux résultats scientifiques liés à des stratégies d'intervention, à l’évaluation, aux problèmes cliniques et aux populations de patient en laboratoire et dans les cadres de la pratique, tout comme aux résultats cliniquement pertinents de la recherche fondamentale en psychologie et dans les domaines connexes. L’APA appuie de nombreux types de preuves de recherche (comme les études d’efficacité potentielle, d’efficacité réelle, de coût-efficacité réelle, de coût-bénéfice, d’épidémiologie, d’utilisation du traitement) qui contribuent à une pratique psychologique efficace.

De nombreuses conceptions méthodologiques de recherche contribuent à la pratique fondée sur les preuves et des différentes conceptions de recherche sont mieux adaptées pour aborder les différents types de questions (Greenberg & Newman, 1996). Elles comprennent :

- L’observation clinique (incluant les études de cas individuels) et la science psychologique fondamentale sont des sources valables d’innovations et d’hypothèses (le contexte de la découverte scientifique).

- La recherche qualitative peut être utilisée pour décrire l’expérience subjective vécue des gens, y compris les participants en psychothérapie.

- Les études de cas systématiques sont particulièrement utiles quand elles sont rassemblées sous forme de réseaux de recherche pratique pour comparer les patients ayant des caractéristiques communes, les uns aux autres.

- Les conceptions expérimentales de cas uniques sont particulièrement utiles pour établir les relations causales dans le contexte d’un individu.

- La recherche en santé publique et la recherche ethnographique sont surtout utiles pour tracer la validité, l’utilisation et l’acceptation des traitements en santé mentale tout comme pour suggérer des moyens de les modifier pour maximiser leur utilité dans un contexte social donné.

- Les études de processus-résultat sont surtout valables pour identifier les mécanismes de changement.

- Les études d'interventions telles qu'elles sont délivrées dans les situations naturalistes (la recherche d’efficacité réelle) sont bien adaptées pour évaluer la validité écologique des traitements.

- Les essais cliniques randomisés et leurs équivalents logiques (recherche d’efficacité potentielle) sont l’étalon de référence pour tirer des inférences causales sur les effets des interventions (contexte de la vérifications scientifique).

- La méta-analyse est le moyen systématique pour synthétiser les résultats issus des nombreuses études, tester les hypothèses et estimer quantitativement la taille d’effet.

En ce qui concerne l’évaluation que fait la recherche sur les interventions spécifiques, la politique actuelle de l’APA identifie deux dimensions largement acceptées. Telle qu’elle est affirmée dans les Critères d’évaluation des Guides de traitement (APA, 2002, p. 1053), « la première dimension est l’efficacité potentielle du traitement, l’évaluation systématique et scientifique du fait qu'un traitement marche. La seconde dimension est l’utilité clinique, si l’intervention est applicable, réalisable, et utile dans le cadre local ou spécifique dans lequel il est proposé. Cette dimension inclut aussi la détermination du caractère généralisable d’une intervention dont l’efficacité potentielle a été établie ». En ce qui concerne la recherche sur les interventions, les types de recherche de la preuve, classées dans un ordre croissant quant à leur contribution aux conclusions sur l’efficacité potentielle, comprennent : l’avis clinique, l’observation, et le consensus parmi des experts reconnus représentant la gamme d’utilisation dans la pratique (critère 2.1) ; l’observation clinique systématisée (critère 2.2) ; et les méthodologies empiriques sophistiquées, y compris les quasi-expérimentales et expérimentales randomisées contrôlées ou leurs équivalents logiques (Critères 2.3). Parmi les méthodologies empiriques sophistiquées, « les expérimentations contrôlées randomisées représentent une façon plus rigoureuse d’évaluer l’efficacité potentielle d’un traitement parce qu’elles sont un moyen plus efficace pour écarter les menaces à la validité interne d’une expérimentation unique » (p. 104).

Les preuves de l’utilité clinique sont aussi essentielles. Suivant ce qui a été établi par la politique de l’APA (APA, 2002), cela inclut au minimum une attention à la généralité des effets parmi des patients, des thérapeutes et dans des configurations divers et variés, et l’interaction de ces facteurs, la robustesse des traitements à leurs différents modes de délivrance, la possibilité que ces traitements soient délivrés aux patients dans les situations de pratique réelle et les coûts associés aux traitements.

La pratique fondée sur les preuves nécessite que les psychologues reconnaissent les forces et les limites des preuves obtenues par les différents types de recherche. La recherche a montré que la méthode de traitement (Nathan & Gorman, 2002), le psychologue en tant qu’individu (Wampold, 2001), la relation thérapeutique (Norcross, 2002) et le patient (Bohart & Tallman, 1999) sont tous des acteurs essentiels au succès de la pratique psychologique. La pratique globale fondée sur les preuves considérera tous ces déterminants et leurs combinaisons optimales. La pratique psychologique est une entreprise relationnelle et technique complexe qui nécessite une attention clinique et de recherche aux sources multiples et en interaction de l’efficacité réelle du traitement. Il reste de nombreux troubles, constellations de problèmes et situations cliniques pour lesquelles les données empiriques sont rares. Pour ces exemples-là, les cliniciens utilisent leur meilleur jugement clinique et leur connaissance des meilleures preuves de recherche disponibles pour développer des stratégies de traitement qui soient cohérentes. Les chercheurs et les praticiens devraient s’allier pour assurer que la recherche disponible sur la pratique psychologique soit pertinente à un niveau clinique et aussi qu’elle possède une validité interne.

Les directions futures

La pratique fondée sur les preuves en psychologie a des implications importantes pour les programmes de recherche et pour les priorités de financement. Ces programmes et ces priorités devraient mettre l’accent dans la recherche sur :

- L’examen des traitements psychologiques dont l’efficacité potentielle est établie en lien - et comme alternative - aux traitements pharmacologiques.
- Le caractère généralisable des interventions qui se sont avérées efficaces dans les cadre de recherches contrôlées et le fait qu’elle puissent être « transposées ».
- Les interactions patient-par-traitement (modérateurs).
- L’efficacité potentielle et l’efficacité réelle de la pratique psychologique pour des groupes sous représentés tels que ceux caractérisés par le genre, l’identité liée au genre, l’ethnicité, la race, la classe sociale, le statut d’handicapé, et l’orientation sexuelle.
- L’efficacité potentielle et l’efficacité réelle des traitements psychologiques avec les enfants et les jeunes à différentes étapes de développement.
- L’efficacité potentielle et l’efficacité réelle des traitements psychologiques avec les adultes plus âgés.
- La distinction des facteurs communs et des facteurs spécifiques comme mécanismes de changement.
- Les caractéristiques et les actions du psychologue et de la relation thérapeutique qui contribuent à un résultat positif.
- L’efficacité réelle de traitements largement pratiqués, fondés sur des orientations théoriques différentes et des mélanges intégratifs qui n’ont cependant pas encore été sujets à une recherche contrôlée.
- Le développement de modèles de traitement fondés sur l’identification et l’observation des pratiques des cliniciens dans la communauté qui obtiennent empiriquement les résultats les plus positifs.
- Les critères de cessation d'un traitement.
- L’accessibilité et l’utilisation des services psychologiques.
- Le rapport coût-efficacité et coût-bénéfice des interventions psychologiques.
- Le développement et l'évaluation des réseaux de recherche sur la pratique (PRNs).
- Les effets d’une information en retour sur le progrès du traitement pour le psychologue ou le patient.
- Le développement d’un large consensus professionnel, enraciné dans les meilleures preuves de recherche disponibles, sur les traitements psychologiques qui sont considérés comme discrédités.
- La recherche sur la prévention des troubles psychologiques et des comportements à risque.

L’expertise clinique2

L’expertise clinique est essentielle pour identifier et intégrer les meilleures preuves de recherche aux données cliniques (comme l’information sur le patient, obtenue au cours du traitement) dans le contexte des caractéristiques et des préférences du patient pour délivrer des services qui ont la probabilité la plus haute d’atteindre les objectifs de la thérapie. Les psychologues sont formés en tant que scientifiques et praticiens. Un avantage à la formation psychologique est qu’elle favorise l’expertise clinique informée par l’expertise scientifique, permettant au psychologue de comprendre et d’intégrer la littérature scientifique tout comme de formuler et de tester des hypothèses et des interventions en pratique en tant que « scientifique clinique local » (Stricker & Trierweiler, 1995).

Les scientifiques cognitivistes ont trouvé des preuves constantes des différences persistantes et significatives entre experts et novices qui entreprennent les tâches complexes dans des domaines différents (Bédard & Chi, 1992 ; Bransford, Brown & Cocking, 1999 ; Gambrill, 2005). Les experts reconnaissent les configurations signifiantes et écartent l’information non pertinente, acquièrent une connaissance étendue et l’organisent selon des manières qui reflètent une compréhension profonde dans leur domaine, organisent leur connaissance en utilisant les caractéristiques fonctionnelles plutôt que descriptives, recherchent et extraient la connaissance pertinente à la tâche de manière fluide et automatique, s’adaptent aux nouvelles situations, gèrent eux-mêmes leur connaissance et leur performance, savent quand leur connaissance est inadéquate, continuent à apprendre, et atteignent généralement des résultats proportionnés à leur expertise.

Cependant, les experts ne sont pas infaillibles. Tous les humains sont enclins aux erreurs et aux biais. Certains d’entre eux proviennent de stratégies cognitives et heuristiques qui sont généralement adaptées et efficaces. D’autres proviennent de réactions émotionnelles qui guident généralement le comportement adapté tout comme elles peuvent conduire à un raisonnement biaisé ou motivé (Ditto & Lopez, 1992 ; Ditto et al., 2003 ; Kunda, 1990). Chaque fois que les psychologues impliqués dans la recherche ou dans la pratique vont des observations aux inférences ou aux généralisations, il y a un risque inhérent d’interprétations particulières, de généralisations à outrance, de biais de confirmation et d’erreurs similaires dans le jugement (Dawes, Faust & Meehl, 2002 ; Grove et al., 2000 ; Meehl, 1954 ; Westen & Weinberger, 2004). Ce qui est constitutif de l’expertise clinique, c’est aussi la conscience des limites de sa propre connaissance et de ses compétences et l’attention aux heuristiques et aux biais, à la fois cognitifs et affectifs, qui peuvent affecter le jugement clinique. Des mécanismes tels que la consultation et l’information en retour systématique du patient peuvent atténuer certains de ces biais.

Le thérapeute en individuel a un impact substantiel sur les résultats, à la fois dans les essais cliniques et dans les configurations de la pratique (Crits-Christoph et al., 1991 ; Kim, Wampold & Bolt, sous presse, Huppert et al., 2001, Wampold & Brown, sous presse). Le fait que les résultats de traitement soient systématiquement rapportés à celui qui fournit le traitement (au-dessus et au-delà du type de traitement) fournit de fortes preuves de l’importance de considérer l’expertise en pratique clinique comme un moyen d’augmenter les résultats du patient.

Les composants de l’expertise clinique.

L’expertise clinique englobe un certain nombre de compétences qui promeuvent les résultats thérapeutiques positifs. Elles comprennent : a) l’évaluation, le jugement diagnostique, la formulation de cas systématique, et la planification du traitement ; b) la prise de décision clinique, la mise en œuvre du traitement, la surveillance du progrès du patient ; c) l’expertise interpersonnelle ; d) la réflexion continue sur soi et l’acquisition continue de compétences ; e) l’évaluation appropriée et l’utilisation des preuves de recherche de la science psychologique fondamentale ou appliquée ; f) la compréhension de l’influence des différences individuelles et culturelles sur le traitement ; g) la recherche de ressources disponibles (comme la consultation, les services complémentaires ou alternatifs) si besoin ; et h) la disposition d'une rationalité pertinente concernant les stratégies cliniques.

L’expertise se développe à partir de la formation clinique et scientifique, de la compréhension théorique, de l’expérience, de la réflexion, de la connaissance de la recherche, et de l’éducation et de la formation professionnelle continue. Elle se manifeste dans toutes les activités cliniques y compris, mais ne s’y limitant pas à, la formation des alliances thérapeutiques ; l’évaluation des patients et le développement de formulations de cas systématiques, la planification du traitement, et l’établissement des buts ; la sélection des interventions et leur application de manière compétente ; la surveillance du progrès du patient et l’ajustement des pratiques en conséquence ; l’attention portée au contexte individuel, social et culturel ; et la recherche de ressources disponibles si besoin (consultation, services complémentaires ou alternatifs).

Évaluation, jugement diagnostique, formulation systématique du cas et planification du traitement.
Le psychologue expert cliniquement est capable de formuler les conceptualisations du cas de manière claire et cohérente d’un point de vue théorique ; d’évaluer la pathologie du patient tout comme ses potentialités pertinentes d’un point de vue clinique ; de comprendre les présentations complexes du patient ; et de faire des jugements diagnostiques pointus. Les cliniciens experts révisent leurs conceptualisations du cas au fur et à mesure que le traitement avance et cherchent à la fois à confirmer et à infirmer les preuves. L’expertise clinique implique aussi d’identifier et d’aider les patients à reconnaître les processus psychologiques qui contribuent à la détresse ou au dysfonctionnement.

La planification du traitement nécessite d’établir des buts et des tâches du traitement qui prennent en considération la singularité du patient, la nature des problèmes et des préoccupations du patient, le pronostic probable et les bénéfices attendus du traitement, et les ressources disponibles. Les objectifs de la thérapie sont développés en collaboration avec le patient et prennent en considération la vision du patient et de sa famille et le contexte culturel. Le choix des stratégies de traitement nécessite de connaître les interventions et la recherche qui soutient leur efficacité tout comme la recherche pertinente pour apparier les interventions aux patients (Beutler, Alomohamed & Moleiro, 2002 ; Blatt, Shahar & Zurhoff, 2002 ; Norcross, 2002). L’expertise nécessite aussi la connaissance de la psychopathologie, du processus de traitement et les attitudes du patient, ses valeurs, son contexte, y compris le contexte culturel, qui peuvent affecter le choix et la mise en œuvre des stratégies efficaces de traitement.

Prise de décision clinique, mise en œuvre du traitement et surveillance du progrès du patient.
L’expertise clinique comporte la délivrance souple et compétente du traitement. L'habileté et la souplesse nécessitent des connaissances et de la compétence pour délivrer les interventions psychologiques et une capacité d'adapter le traitement au cas particulier. La souplesse se manifeste par le tact, le rythme, l’allure et la construction des interventions ; le maintien d’un équilibre efficace entre la cohérence des interventions et la capacité de réaction aux informations données en retour par le patient ; et l’attention aux significations, croyances et émotions reconnues et celles non reconnues.

L’expertise clinique comporte aussi la surveillance du progrès du patient (et des changements suivant les circonstances du patient, comme la perte d’un travail ou une maladie importante) qui peut suggérer le besoin d’ajuster le traitement (Lambert, Bergin & Garfield, 2004). Si le progrès ne s’effectue pas de manière adéquate, le psychologue modifie ou aborde les aspects problématiques du traitement qui sont opportuns (comme les problèmes dans la relation thérapeutique ou dans la mise en œuvre des objectifs du traitement). Si un progrès insuffisant demeure, le thérapeute considère des diagnostics et des formulations alternatifs, envisage une consultation, une supervision, ou une orientation. L’expert clinicien prend des décisions sur la terminaison de manière opportune en évaluant les progrès du patient dans le contexte de sa vie patient, des objectifs du traitement, des ressources et de la possibilité d'une rechute.

L’expertise du domaine interpersonnel
Au centre de l’expertise clinique, il y a la compétence interpersonnelle qui se manifeste en formant la relation thérapeutique, en codant et décodant les réponses verbales et non verbales, en créant des attentes réalistes mais positives, et en répondant de manière empathique à l’expérience explicite et implicite du patient ainsi qu’à ses préoccupations. L’expertise interpersonnelle nécessite de la souplesse pour être efficace cliniquement avec des patients ayant des contextes divers. Les psychologues compétents dans l’interpersonnel sont capables de stimuler les patients dans une atmosphère de soutien qui favorise l’exploration, l’ouverture et le changement.

La pratique psychologique est, à la racine, une relation interpersonnelle entre psychologue et patient. Chaque participant dans la relation thérapeutique exerce une influence sur son processus et son résultat, et la compatibilité du psychologue et du patient est particulièrement importante. Des sources convergentes des preuves indiquent que les professionnels de santé en individuel affectent l’efficacité potentielle du traitement (APA, 2002). En psychothérapie, par exemple, les effets du thérapeute en individuel comptent pour 5 à 8% de la variance du résultat (Crits-Christoph et coll., 1991 ; Project MATCH Research Group, 1998 ; Kim, Wampold & Bolt, sous presse ; Wampold & Brown, sous presse). Des décennies de recherche soutiennent aussi la contribution d’un patient actif et motivé pour la réussite du traitement (Bohart & Tallman, 1999 ; Clarkin & Levy, 2004 ; Prochaska, Norcross & DiClemente, 1994 ; Miller & Rollnick, 2002).

Avec le développement de la technologie interactive électronique (la télésanté), de nombreuses interventions psychologiques élargies à la communauté ou d’autres approches n’impliquent pas forcément un contact en face à face avec le psychologue. Cependant, ces interventions, pour être efficaces, engagent aussi le patient activement dans le processus de traitement et font attention d’une manière souple aux variations individuelles parmi les groupes ciblés.

L’expert clinique favorise l’engagement positif du patient dans le processus thérapeutique, suit l’alliance thérapeutique et fait soigneusement attention aux obstacles à l’engagement et au changement. L’expert clinique reconnaît les obstacles au progrès et les aborde d’une manière qui soit cohérente avec la théorie et la recherche (explorer les impasses thérapeutiques avec le patient ou aborder les problèmes dans la relation thérapeutique).

Réflexion continue et acquisition permanente des compétences. L ‘expertise clinique nécessite de pouvoir réfléchir sur sa propre expérience, sa connaissance, ses hypothèses, ses inférences, ses réactions émotionnelles et ses comportements et d’utiliser cette réflexion pour modifier en conséquence ses pratiques. Inséparable de l’expertise clinique est la conscience des limites de ses propres connaissances ou compétences tout comme la reconnaissance des heuristiques et des biais (à la fois cognitifs et affectifs) qui peuvent affecter le jugement clinique (comme les biais qui peuvent inhiber la reconnaissance du besoin de modifier les conceptualisations de cas qui sont inexactes ou les stratégies de traitement qui ne fonctionnent pas). L’expertise clinique nécessite de prendre une action explicite pour limiter les effets de ces biais.

Développer et maintenir l’expertise clinique et appliquer cette expertise aux patients spécifiques, suppose d’incorporer continuellement de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences issues a) de la recherche et la théorie, b) de l’observation clinique systématique, de l’enquête disciplinée, et du test des hypothèses, c) de la réflexion et du retour d’information issus d’autres sources (comme la supervision, les pairs, les patients, d’autres professionnels de santé, ou les autres personnes significatives pour le patient lorsque cela est approprié), d) de suivre les résultats du patient et e) de continuer l’éducation et les autres occasions d’apprentissage (comme les réseaux de pratique, les groupes de défense du patient).

Évaluation et utilisation de preuves issues de la recherche. L'expertise clinique en psychologie inclut l'expertise scientifique. C'est une des marques de l'éducation psychologique et l'un des avantages de la formation psychologique. La compréhension de la méthode scientifique permet à des psychologues de considérer la preuve à partir d'un éventail de conceptions de recherches, d'évaluer la validité interne et externe des études individuelles, d'évaluer l'importance d'effets à travers les études, et d'appliquer la recherche appropriée à différents cas. L'expertise clinique comporte également une attitude scientifique envers le travail clinique, caractérisée par une ouverture à la production de données, d'hypothèses cliniques et de leur test, et par la capacité à utiliser la théorie pour guider des interventions sans permettre à des a-priori théoriques d’annuler les données cliniques ou de recherches.

Compréhension de l'influence des différences individuelles, culturelles et contextuelles sur le traitement. L'expertise clinique exige une conscience du contexte individuel, social, et culturel du patient, y compris mais non limité à l'âge et au développement, l'appartenance ethnique, la culture, la race, le genre, l'orientation sexuelle, les engagements religieux, et le mode socio-économique (voir la section caractéristiques patients). L'expertise clinique permet à des psychologues d'adapter les interventions et de construire un milieu thérapeutique qui respecte la vision du monde du patient, ses valeurs, ses préférences, ses capacités, et d'autres caractéristiques (Arnkoff, Glass, & Shapiro, 2002; Sue & Lam, 2002). L’APA a adopté des référentiels de pratique sur la pratique multiculturelle, l'orientation sexuelle, et les personnes âgées pour aider les psychologues à adapter leurs pratiques en fonction des différences des patients (APA, 2000, 2003, 2004).

Recherche des ressources disponibles nécessaires (services de consultation, complémentaires ou alternatifs par exemple). Le psychologue est conscient que l'accès à des ressources supplémentaires puisse parfois augmenter l'efficacité du traitement. Quand la recherche de preuves indique la valeur des services complémentaires ou quand les patients ne réalisent pas le progrès prévu, le psychologue peut rechercher une consultation ou orienter le patient. Les services alternatifs culturellement sensibles au contexte du patient ou à sa vision du monde peuvent compléter le traitement psychologique. La consultation pour le psychologue est un moyen de surveiller, et corriger si nécessaire, les biais cognitifs et affectifs.

Un raisonnement incontestable pour des stratégies cliniques. L'expertise clinique exige une approche planifiée au traitement des problèmes psychologiques. Bien que la pratique clinique soit souvent éclectique ou intégratrice (Norcross et Goldfried, 2005), et que beaucoup d'effets du traitement psychologique reflète les aspects non spécifiques de l'engagement thérapeutique (par exemple, les changements qui se produisent par le développement d'un rapport empathique ; Lambert, Bergin et Garfield, 2004 ; Weinberger, 1995), les psychologues se fondent sur des formulations bien articulées de cas, la connaissance de la recherche appropriée, et l'organisation fournie par des conceptualisations théoriques et par l’expérience clinique pour réaliser avec art des interventions conçues pour atteindre les résultats désirés.

Certains patients ont un problème ou un trouble bien définis pour lesquels il y a un corpus de preuves qui soutient fortement l'efficacité réelle d'un traitement particulier. On devrait considérer ces preuves pour formuler un plan de traitement, et un raisonnement incontestable devrait être articulé pour n'importe quelle solution de traitement recommandé. Il y a une constellation de problèmes, des populations de patients, et des situations cliniques pour lesquelles les preuves de traitement sont clairsemées. Dans de tels exemples, la pratique basée sur la preuve consiste à utiliser l'expertise clinique en interprétant et en appliquant la meilleure preuve disponible tout en surveillant soigneusement les progrès du patient et en modifiant le traitement si nécessaire (Hayes, Barlow, et Nelson-Nelson-Gray, 1999 ; Lambert et autres, 2005 ; Miller, Duncan, Et Hubble, 2005).

Directions futures

Bien que beaucoup moins de recherches soit disponible sur l'expertise clinique que sur les interventions psychologiques, une base importante émerge (Goodheart, en cours d'impression ; Skovholt et Jennings, 2004 ; Westen et Weinberger, 2004). Par exemple, la recherche sur la formulation de cas et sur le diagnostic suggère que les inférences cliniques, les jugements diagnostiques, et les formulations peuvent être fiables et valides une fois structurés d’une façon qui maximise l'expertise clinique (Eels et autres, en cours d'impression ; Persons, 1991 ; Westen et Weinberger, en cours d'impression). La recherche suggère que la sensibilité et la flexibilité dans la gestion des interventions thérapeutiques produisent de meilleurs résultats que l'application rigide des manuels ou des principes (Castonguay et autres, 1996 ; Henry et autres, 1993 ; Huppert et autres, 2001). Les rapports de la recherche sur les biais et l'heuristique dans le jugement clinique suggèrent des procédures que les cliniciens pourraient employer pour réduire au minimum ces biais (Garb, 1998). En raison de l'importance de l'alliance thérapeutique sur les résultats (Horvath et Bedi, 2002 ; Martin, Garske et Davis, 2000 ; Shirk et Karver, 2003), la compréhension des attributs personnels et des interventions des thérapeutes qui renforcent l'alliance est essentielle pour maximiser la qualité du soin au patient (Ackerman et Hilsenroth, 2003).

La collaboration mutuellement respectueuse entre les chercheurs et les praticiens stimulera la recherche empirique utile et systématique sur l'expertise clinique.

Certains des besoins les plus urgents de la recherche sont les suivants :

- étudier les pratiques des cliniciens qui obtiennent les meilleurs résultats dans la communauté, en général et avec des types particuliers de patients ou de problèmes

- identifier des compétences techniques utilisées par les cliniciens experts dans la gestion des interventions psychologiques qui se sont avérées efficaces

- améliorer la fiabilité, la validité, et l'utilité clinique des diagnostics et des formulations de cas

- étudier les conditions qui maximisent l'expertise clinique (plutôt que de se concentrer principalement sur les limites à l'expertise clinique)

- déterminer jusqu’à quel point les erreurs et les biais largement étudiés dans la littérature sont reliés aux chutes dans les résultats du traitement et comment modifier ou corriger ces erreurs

- développer des mesures "bien normées" que les cliniciens peuvent employer pour évaluer leurs jugements diagnostiques, pour mesurer le progrès thérapeutique avec le temps, et pour évaluer le processus thérapeutique

- distinguer l'expertise associée aux facteurs communs partagés par la plupart des thérapies et l’expertise spécifique reliée aux approches de traitement particulier

- fournir au clinicien un feedback du patient en temps réel pour comparer les progrès dans le traitement et des outils de support cliniques pour ajuster le traitement si nécessaire.

Caractéristiques du patient, Culture et Préférences

Les données normatives sur "qu’est-ce qui fonctionne pour qui" (Nathan et Gorman, 2002, Roth et Fonagy, 2004) fournissent les guides essentiels de la pratique efficace. Néanmoins, les services psychologiques sont susceptibles d'être les plus efficaces lorsqu’ils sont sensibles aux problèmes spécifiques du patient, aux forces, à la personnalité, au contexte socioculturel, et aux préférences (Norcross, 2002). La longue histoire de la psychologie sur l’étude des différences individuelles et du changement au cours du développement, et sa littérature empirique croissante en rapport à la diversité humaine (y compris la culture3 et la psychothérapie), la placent en position forte pour identifier des voies efficaces d’intégration de la recherche et de l'expertise clinique avec une compréhension des caractéristiques du patient essentielles à l’EBPP (Sue, Zane, et Young, 1994 ; Hall, 2001). L’EBPP implique la considération des valeurs, de la croyance religieuse, de la vision du monde, des buts, et des préférences des patients pour le traitement de l'expérience et de la compréhension du psychologue de la recherche disponible.

Plusieurs questions encadrent les discussions actuelles au sujet du rôle des caractéristiques patients dans l’EBPP. La première considère la portée avec laquelle les caractéristiques patients de diagnostic croisé, telles que des traits de personnalité ou des constellations, modèrent l'impact des interventions testées empiriquement. Une deuxième question relative concerne la portée avec laquelle les facteurs sociaux et les différences culturelles rendent nécessaires différentes formes de traitement ou si les interventions largement testées dans des populations majoritaires peuvent aisément être adaptées à des patients de différents milieux ethniques ou socioculturels. Une troisième question concerne la maximisation de l’étendue des interventions largement utilisées qui s'occupent convenablement des considérations développementales, pour des enfants et des adolescents (Weisz et Hawley, 2002) et pour des adultes plus âgés (Zarit et Knight, 1996). Une quatrième question concerne la portée avec laquelle les présentations cliniques variables, telles que la comorbidité et les présentations polysymptomatiques, modèrent l'impact des interventions. Ce qui est sous-jacents à toutes ces questions, c’est de savoir comment mieux approcher le traitement des patients dont les caractéristiques (par exemple, genre, identité de genre, appartenance ethnique, race, classe sociale, type d'incapacité, orientation sexuelle) et les problèmes (par exemple, comorbidité) peuvent différer de ceux des échantillons étudiés dans la recherche. C'est une question de discussion active dans la profession et il y a une attention accrue de la recherche à la possibilité de généralisation et au transfert des interventions psychologiques.

Les données disponibles indiquent qu'une variété de variables liées au patient influencent les résultats, dont beaucoup sont des caractéristiques diagnostic croisé telles que le mode fonctionnel, la promptitude à changer, et le niveau du soutien social (Norcross, 2002). Il est essentiel de considérer d'autres caractéristiques patients lorsqu’on forme et on maintient une relation thérapeutique et lorsqu’on met en oeuvre des interventions spécifiques. Celles-ci incluent, mais ne sont pas limitées a) les variations dans la présentation des problèmes ou des désordres, de l’étiologie, des symptômes ou des syndromes concourants, et du comportement ; b) l’âge chronologique, la situation développementale, l’histoire développementale, l’étape de la vie ; c) les facteurs socioculturels et familiaux (par exemple, genre, identité de genre, appartenance ethnique, race, classe sociale, religion, situation d'incapacité, structure de famille, et orientation sexuelle) ; d) le contexte environnemental actuel, les facteurs de stress (par exemple, le chômage ou événement de vie récent), et les facteurs sociaux (par exemple, le racisme institutionnel et les disparités de santé) ; et e) les préférences personnelles, les valeurs, et les préférences quant au traitement (par exemple, buts, croyance, vision du monde, et espérances de traitement). La recherche disponible aussi bien sur l’appariement des patients et les échecs de traitement dans des essais cliniques des interventions même fortement efficaces, suggère que différentes stratégies et relations peuvent s'avérer mieux adaptées à différentes populations (Groth-Marnat, Beutler, et Roberts, 2001 ; Sue, Fujino, Hu, Takeuchi, Et Zane, 1991 ; Gamst, Dana, Der-Karaberian, Et Kramer, 2000, Norcross, 2002).

Beaucoup de symptômes - par exemple une dépression, une anxiété, un échec scolaire, une boulimie- sont semblables chez les patients. Cependant, les symptômes ou les troubles qui sont phenotypiquement semblables sont souvent hétérogènes en ce qui concerne l'étiologie, le pronostic, et les processus psychologiques qui les créent ou les maintiennent. D'ailleurs, la plupart des patients se présentent avec des symptômes multiples ou des syndromes plutôt qu'un trouble simple et discret (par exemple, Kessler, Stang, Wittchen, Stein, et Walters, 1999 ; Newman, Moffitt, Caspi, Et Silva, 1998). La présence des conditions concourantes peut modérer la réponse au traitement, et les interventions destinées à traiter un seul symptôme en affectent souvent d'autres. Un corps émergent dans la recherche suggère également que les variables de personnalité sont à la base de beaucoup de syndromes psychiatriques et expliquent une partie substantielle de la comorbidité parmi des syndromes largement connus dans la recherche (par exemple, Brown, Chorpita et Barlow, 1998 ; Krueger, 2002). Les psychologues doivent s'occuper de la personne individuelle pour réaliser les choix complexes nécessaires pour conceptualiser, identifier la priorité, et traiter des symptômes multiples. Il est important de connaître la personne qui a le trouble en plus de connaître le trouble que la personne a.

L’EBPP exige également l'attention aux facteurs liés au développement et aux stades de la vie du patient. Un énorme corps de recherche existe sur les processus du développement (par exemple, attachement, socialisation, et développement cognitif, social-cognitif, du genre, de la morale, et développement émotif) qui sont essentiels pour comprendre la psychopathologie de l’adulte et en particulier pour traiter les enfants, les adolescents, les familles, et dls adultes plus âgés (par exemple Toth et Cicchetti, 1999 ; Sameroff, Lewis, Et Miller, 2000 ; APA, 2004).

La pratique basée sur la preuve en psychologie exige l'attention à beaucoup d'autres caractéristiques des patients, telles que le genre, l'identité de genre, la culture, l'appartenance ethnique, la race, l'âge, le contexte de famille, la croyance religieuse, et l'orientation sexuelle (APA, 2000, 2003). Ces variables forment la personnalité, les valeurs, les vision du monde, les relations, la psychopathologie, et les attitudes envers le traitement. Un large éventail de littérature appropriée de recherches peut informer la pratique psychologique, y compris l'ethnographie, la psychologie culturelle (par exemple, Berry, Kagitcibasi, et Segall, 1997), psychiatrie culturelle (par exemple, Kleinman, 1977), anthropologie psychologique (par exemple, LeVine, 1983 ; Moore et Matthews, 2003 ; Strauss et Quinn, 1992), et la psychothérapie culturelle (Sue, 1998 ; Zane, Sue, Jeune, Nunez, Et Hall, 2004). La culture influence non seulement la nature et l'expression de la psychopathologie mais également la compréhension du patient de la santé et de la maladie psychologique et physique. Les valeurs culturelles et les croyances et les facteurs sociaux tels que des polarisations raciales implicites influencent également des configurations pour rechercher, utiliser, et recevoir de l'aide ; la présentation et le rapport des symptômes, les craintes et les attentes concernant le traitement ; et les résultats désirés. Les psychologues comprennent également et réfléchissent sur comment leurs propres caractéristiques, valeurs, et contexte interagissent avec celles du patient.

La race comme construction sociale est une façon de regrouper les personnes dans des catégories à partir des attributs physiques perçus, de l'ascendance, et d'autres facteurs. La race est également plus largement associée à la puissance, au statut, et à l'opportunité (Association anthropologique américaine, 1998). Dans les cultures occidentales, la "race" européenne ou blanche confère avantage et opportunité, même si les attitudes sociales améliorées et la politique publique ont renforcé l'égalité sociale. La race est ainsi un processus interpersonnel et politique avec des implications significatives pour la pratique clinique et la qualité des services de santé (Smedley et Smedley, 2005). Les patients et les cliniciens peuvent "appartenir" à des groupes raciaux, auxquels ils choisissent de s’identifier, mais l'importance de la race dans la pratique clinique est un attribut relationnel, plutôt que le seul attribut du patient ou du clinicien. Les innombrables preuves issues de beaucoup de domaines (institut de médecine, 2003) suggèrent que les différentiels de pouvoir racial entre les cliniciens et leurs patients, aussi bien que les polarisations systémiques et les stéréotypes implicites basés sur la race ou l'appartenance ethnique, contribuent à l'injustice par rapport au soin que les patients de couleur reçoivent dans des services de santé. Les cliniciens doivent soigneusement considérer l'impact de la race, de l'appartenance ethnique, et de la culture sur le processus du traitement, la relation, et les résultats de traitement.

Le contexte social et environnemental du patient, y compris les facteurs de stress récents et chroniques, est également important dans la formulation de cas et la planification du traitement. Les facteurs socioculturels et familiaux, la classe sociale, et les facteurs sociaux, économiques, et situationnels plus vastes (par exemple, chômage, divorce, manque d'assurance, pertes récentes, préjudice, ou statut d'immigration) peuvent avoir une énorme influence sur la santé mentale, le fonctionnement adaptatif, la recherche de traitement, et les ressources du patient (psychologique, social, et financier).

La psychothérapie est une entreprise de collaboration, dans laquelle les patients et les cliniciens négocient des façons de travailler ensemble, susceptibles mutuellement d'être agréables et de mener aux résultats positifs. Ainsi, les valeurs et les préférences des patients (par exemple, buts, croyances, et modes préférés du traitement) sont un composant central de l'EBPP. Les patients peuvent avoir des préférences fortes pour des types de traitement et de résultats désirés, et ces préférences sont influencées par leur contexte culturel et par différents facteurs. Le rôle du psychologue est de s'assurer que les patients comprennent les coûts et les avantages des différents pratiques et des différents choix (Haynes, Devereaux, et Guyatt, 2002).
La pratique basée sur la preuve cherche à maximiser le choix du patient parmi des interventions alternatives efficaces. La pratique efficace exige d’équilibrer les préférences du patient et le jugement du psychologue, à partir de la preuve disponible et de l'expertise clinique, pour déterminer le traitement le plus approprié.

Futures directions

Beaucoup de recherches supplémentaires est nécessaire sur l'influence des caractéristiques patients sur la sélection du traitement, les processus thérapeutiques, et les résultats. La recherche sur les caractéristiques de diagnostic croisé, les présentations polysymptomatiques, et l'efficacité des interventions psychologiques avec les groupes culturellement divers est particulièrement importante. Nous suggérons les priorités suivantes de recherches :

- les caractéristiques patients comme modérateurs de réponse au traitement dans les configurations naturalistes
- Les études prospectives de résultats sur les traitements et les relations conçus en fonction des caractéristiques de diagnostiques croisés des patients, y compris l'aptitude par des conceptions d'interaction de traitement
- L’efficacité des interventions qui ont été largement étudiées dans la population majoritaire avec d'autres populations
- L’examen de la nature des stéréotypes implicites des psychologues et des patients et des interventions réussies pour réduire au minimum leur activation ou impact
- La façon de donner des informations sur la culture et la psychothérapie plus accessibles aux praticiens
- La maximisation des compétences cognitives, émotionnelles, et de rôle des psychologues avec les patients divers
- L’identification des modèles réussis de la prise de décision de traitement à la lumière des préférences patients.

Conclusions

La pratique basée sur la preuve en psychologie consiste en l'intégration de la meilleure recherche disponible avec l'expertise clinique dans le contexte des caractéristiques, de la culture, et des préférences des patients. Le but de l'EBPP est de favoriser la pratique psychologique efficace et de mettre en valeur la santé publique en appliquant les principes empiriquement soutenus de l'évaluation psychologique, de la formulation de cas, de la relation thérapeutique, et de l'intervention. On a beaucoup appris dans le siècle passé de la recherche psychologique fondamentale et de la recherche appliquée aussi bien que des observations et des hypothèses développées dans la pratique clinique. Beaucoup de stratégies pour travailler avec des patients ont émergé et ont été raffinées par le type d'essai et erreur et de la production d'hypothèses cliniques et de tests qui constituent l'aspect le plus scientifique de la pratique clinique. Pourtant les tests des hypothèses cliniques ont leurs limites, par conséquent il y a nécessité d'intégrer l'expertise clinique à la meilleure recherche disponible.

Peut-être que le message central de ce rapport du groupe de travail et un des aspects les plus encourageants du processus qui y conduit, c’est le consensus réalisé par un groupe diversifié de scientifiques, de cliniciens, et de scientifiques-cliniciens à partir de perspectives multiples selon lequel l'EBPP exige une appréciation de la valeur des sources multiples de la preuve scientifique. Dans une circonstance clinique donnée, les psychologues de bonne foi et de bon jugement peuvent être en désaccord sur la façon d’évaluer au mieux différentes formes de preuves ; avec le temps, nous présumons que des demandes systématiques et empiriques larges - en laboratoire et en pratique clinique - montreront la voie vers la meilleure pratique en intégrant la meilleure preuve. Ce que ce document reflète, cependant, est une réaffirmation de ce que les psychologues ont su pendant un siècle : que la méthode scientifique est une façon de penser et d'observer systématiquement et est le meilleur outil que nous ayons pour nous apprendre ce qui fonctionne pour qui.

Des décisions cliniques devraient être prises en collaboration avec le patient, à partir de la meilleure preuve cliniquement appropriée, et en considérant les coûts probables, les avantages, et les ressources et les options disponibles. C'est le psychologue traitant qui rend le jugement final concernant une intervention particulière ou un plan de traitement. La participation d'un patient actif et au courant est généralement cruciale au succès des services psychologiques. Des décisions de traitement devraient ne jamais être prises par des personnes non formées peu familières avec les détails du cas.

Le psychologue traitant détermine l'applicabilité des conclusions de recherches à un patient particulier. Les différents patients peuvent avoir besoin des décisions et des interventions qui ne sont pas directement abordées par la recherche disponible. L'application de la preuve de recherches à un patient donné implique toujours des inférences probabilistes. Par conséquent, la surveillance continue du progrès du patient et l'ajustement du traitement si nécessaire, sont essentiels à l’EBPP.

Surtout, les psychologues doivent être attentifs à une série de résultats qui peuvent parfois suggérer une stratégie et parfois une autre et aux forces et aux limitations de la recherche disponible vis à vis de ces différentes façons de mesurer le succès. Les résultats psychologiques peuvent inclure non seulement le soulagement du symptôme et la prévention de futurs épisodes symptomatiques mais également la qualité de la vie, le fonctionnement adaptatif dans le travail et dans les relations, la capacité pour faire des choix de vie satisfaisants, le changement de personnalité, et d'autres buts atteints dans la collaboration entre le patient et le clinicien.

L’EBPP est un moyen de mettre en valeur les services délivrés aux patients dans une atmosphère de respect mutuel, de communication ouverte, et de collaboration parmi tous les intervenants, y compris les praticiens, les chercheurs, les patients, les gestionnaires de santé, et les personnes définissant la politique. Notre but dans ce document, et dans les discussions du groupe de travail qui y ont mené, a été d’établir un programme et une tonalité pour les prochaines étapes dans l'évolution de l'EBP .

 


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Dernière mise à jour : 30/01/07 info@techniques-psychotherapiques.org