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Éditorial Novembre 2016.

La présidente de "SOS Autisme" rencontre JL Mélenchon
Commentaire

Monique Thurin

Dans le cadre de son émission « Pas vu à la télé », Jean-Luc Mélenchon a reçu Olivia Cattan, Présidente de l’Association SOS autisme, qui interpelle les politiques inscrits à la course à l’Elysée en 2017. (http://melenchon.fr/2016/10/20/a-tele-6-lautisme-invitee-olivia-cattan/) Nous n’avons pas eu accès aux deux premiers entretiens avec Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Lemaire, ni du suivant avec Alain Juppé..

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Nous avons écouté cette émission qui pour le moins manquait d’un débat de fond. JLM s’informait d’un sujet qu’il connaissait peu ou pas du tout et O Cattan parlait de son point de vue, restreint à sa vision, en omettant ou dénigrant tout ce qui en sortait. Nous avons émis un commentaire adressé à JLM dont nous vous donnons les principales lignes. Ce commentaire est très général par rapport à la question de l’autisme et à sa prise en charge par les seules méthodes éducatives, principalement l’ABA défendue ardemment par O Cattan.

"Vous avez reçu Olivia Cattan, Présidente de l’association SOS autisme France. Je pense que sa démarche vers les élus est plus que justifiée pour parler de l’autisme en France. Cependant, je regrette que son initiative soit entâchée de slogans et de clichés indignes. Je ne conteste pas qu’elle ait pu souffrir et être déçue par le « psy...médical, etc» mais il est difficile d’entendre une demande qui serait justifiée par l’opprobre jetée sur des miliers de personnes qui travaillent chaque jour avec ces petits et grands autistes et leur famille.

Que signifie le choix du zapping en début d'émission ? il reflète quoi quand il est orienté par un seul objectif : montrer que ce qui est fait par les pédiatres, les psychanalystes est mauvais, ce qui est fait par les méthodes comportementales et éducatives est bien ? Ce zapping n’est pas correct au regard de tout ce qui se fait. Il n’en demeure pas moins qu’à l’échelle de ce qui serait nécessaire pour les enfants et adultes autistes, beaucoup est à faire. C’est une réalité !

- Sur le diagnostic précoce : il existe des CRA (Centre ressources autisme) dans toute la France. En pièce jointe, vous y trouverez la plaquette de celui d’IDF et les adresses des centres de diagnostic. Il n’y a pas "2 ou 3 personnes qui se balladent dans toute la France qui savent faire le diagnostic". Malheureusement, la réalité est qu’il n’y en a pas assez et les personnes attendent plusieurs mois parfois pour avoir un RV, ce qui est bien sûr complètement innaceptable. On peut dire une vérité sans disqualifier les professionnels. C’est certain, plus le diagnostic est précoce, plus les chances de l’enfant sont grandes d’avoir une bonne évolution. TOUS les professionnels le disent.

- L’école : ici encore, ce ne sont pas les professionnels qui empêchent les enfants d’aller à l’école. Ils se battent pour les y faire rentrer. Ils y sont TOUS favorables... Cependant, tous les enfants autistes ne sont pas Asperger et certains ont une forme d’autisme très grave. Pour ces derniers, il est moins facile de les intégrer à l’école sans une solide formation des accompagnateurs et de l’enseignant. Là, il y a un manque, c’est évident. Mais ce n’est pas en privant ces enfants de soins qu’ils iront plus facilement à l’école.

J’ai relevé au cours de cet entretien, un certain nombre de mot clés que O Cattan devait absolument placer : psychanalyse (désavouée par la HAS) (ce qui est d’ailleurs faux, il faut aller voir le texte des recommandations de 2012), la psychanalyse qui culpabilise les mères, qui ne s’occupe pas de l’enfant qui ne parle pas mais interroge la mère sur son intimité... Les méthodes comportementales et éducatives qui seules ont des résultats, comme l’ABA, (ce n’est pas ce qui est rapporté par la littérature et les EU largement cités reviennent sur cette méthode...) L’argent qui va au médical et qu’il faut passer à l’éducatif... Le cursus obligé : pédiatre et pédopsychiatre (qui ne savent pas poser le diagnostic d’autisme !!! 2 ou 3 qui se balladent dans toute la France savent faire le diagnostic) pour atterrir au psychanalyste qui peut même « tuer » (ce qui est arrivé à son frère à coup de cachets et de neuroleptiques !!!)...

Pour finir, tous les discours rapportés des professionnels qu’elle a rencontrés pour son fils : d’abord le pédiatre « vous êtes juive, mère abusive, vous le frustrez », puis le pédopsychiatre « je vais être honnête, votre fils est autiste, il a un autisme sévère. Vous avez deux filles, donc, faites le deuil de votre gosse, mettez-le dans un centre, oubliez le, faites le deuil de votre enfant », puis la psychanalyste : Pendant un an, mon fils est allé voir une psychanalyste, car on m’avait dit "il faut passer par là", c’est mon pédiatre qui me l’avait dit. La femme m’a interrogée sur moi, mon couple, ma relation avec ma mère pendant que mon fils était par terre. Il ne parlait pas donc ils attendent l’éveil du désir, mais le désir il ne vient pas. Pendant un an, il ne s’est rien passé. Elle a bien décrypté toute ma vie personnelle et intime mais, pour mon fils, elle n’a rien fait. » , et enfin les élus de gauche : "c’est compliqué et il y a des lobbies : psychanalytiques, pharmaceutiques, les parents sont hystériques...

»

Peut-être que Mme Cattan n’a pas eu de chance dans ses rencontres car si elle a entendu cela, elle n’a pas eu affaire à des professionnels dignes de ce nom, c’est évident.... Dire qu’il n’y a aucun adulte en France qui soit devenu autonome sans passer par l’étranger, c’est aussi faire preuve de méconnaissance...

Pour finir, l’entretien s’est orienté sur le vrai problème. Il faut se préoccuper du problème du handicap dans son ensemble et de l’autisme en particulier pour lequel il y a un manque criant de réponses aux besoins. Ce n’est pas, à mon avis, autour d’une table à se cracher sa haine qu’il faut faire les choses, mais en répertoriant ce qui marche et en le promouvant. Par exemple, depuis 2008, c’est ce que font une centaine de cliniciens (psychologues, psychiatres, psychanalystes ou pas) pour évaluer le travail qu’ils font avec des enfants autistes au cours d’une psychothérapie. Un travail de recherche difficile qui n’a qu’un seul but : évaluer les meilleurs moyens d’aider ces enfants.

Mme Cattan dit aussi beaucoup de choses très pertinentes, notamment le coût supporté par les familles, je rajouterais, même pour celles qui ne suivent pas la methode très coûteuse de l’ABA, la sensibilisation auprès des entreprises pour faire embaucher les personnes autistes, la formation des professionnels qui ne la reçoivent pas dans leur cursus (dentiste, radiologue, etc), s’occuper des logements des adultes (APL pe), l’environnement. Et puis, c’est une très bonne idée de faire faire un audit à la Cour des comptes pour savoir où sont passés les fonds des différents plans autistes. »

C'est un sujet effectivement très humain, sur lequel on pourrait passer du temps, évidemment. C'est une bonne chose que les élus soient concernés. Si vous êtes élu, j'espère que vous engagerez une vraie concertation sur cette question, qui puisse réellement faire avancer la prise en charge, en compte, des personnes avec autisme en évitant les oppositions idéologiques. Ce serait un grand pas que ferait notre société.

Bien amicalement

Monique Thurin 29/10/2016