..Janet
..Alexander..Bowlby..Cannon.......Kandel......Edelman..JamesA Freud.....Freud....Lacan...Lebovici....Klein...Jung...Bion
           

Espace Cliniciens

A propos des conclusions tirées de la meta-analyse de Andrews et Harvey dans le chapitre 11 de l'expertise concernant la "supériorité significative des TCC par rapport aux psychothérapies verbales"

Dr Jean-Michel Thurin. Psychiatre -psychanalyste
Expert chargé des psychothérapies psychodynamiques pour le rapport
Tel : 01 48 04 77 70 – mail : jmthurin@techniques-psychotherapiques.org


La méta-analyse de Andrews et Harvey [1] est censée apporter à l'auteur du chapitre 11 des éléments comparatifs sur l'efficacité des différentes psychothérapies dans les troubles anxieux. Il en tire même la conclusion que "L’approche TCC est significativement supérieure aux thérapies verbales" [2]

La consultation des références bibliographiques laisse sceptique quant à la possibilité d'une telle entreprise - et encore davantage sur la légitimité de cette conclusion. D'une part, sur les 81 articles (issus d'études réalisées entre 1941 et 1976), seuls 8 d'entre eux concernent spécifiquement les troubles anxieux. Parmi eux, 2 se réfèrent aux troubles de l'enfant et de l'adolescent (le premier concerne d'ailleurs les effets d'interactions physiques structurées et le second le conseil en groupe) et 6 concernent l'utilisation des thérapies comportementales dans les phobies. Difficile dans ces conditions de trouver les bases d'une comparaison. Un seul article (Ellis, 1957) porte sur les résultats comparatifs de trois techniques de psychothérapie, sans que les troubles concernés soient précisés. Les autres articles concernent des troubles extrêmement variés, allant de l'asthme (9 articles) au traitement des homosexuels par aversion et désensibilisation (!) ou par thérapie de groupe, en passant par la migraine, le surpoids, la promotion de la carrière, etc.. Une fois extraits les articles de méthodologie générale (8), il apparaît que la plupart des articles (46) concernent le désensibilisation, le conseil (+++) et la guidance (un tiers des études ont été conduites dans des lieux d'éducation), le déconditionnement et l'approche comportementale.

Il apparaît ainsi de façon évidente que les tailles d'effet obtenues se rapportent pour l'essentiel à des "pathologies" différentes, y compris dans le cadre d'une même technique. Que signifie une comparaison d'efficacité dans un tel cadre ? Sans être sorcier, on peut supposer que, même si l'on se référait uniquement aux résultats des thérapies comportementales, les tailles d'effet obtenues par ces thérapies dans la désensibilisation de la phobie seraient supérieures à celles obtenues par désensibilisation chez les homosexuels. Quand il s'agit d'une même "pathologie" : les phobies, elles sont traitées par une approche unique ou en tout cas très majoritaire (les TC). Là encore, où est la comparaison ?

Andrews et Harvey soulignent par ailleurs le risque de biais lié à l'absence de connaissance de la sévérité des troubles traités et l'hétérogénéité des recrutements ainsi que des lieux de soin :"les personnes avec des troubles de l’adaptation qui se rendent à la consultation d’un centre de santé mentale, les agoraphobiques traités dans une clinique de thérapie comportementale et les névrosés anxieux qui se présentent dans une clinique psychothérapique universitaire ont peu de probabilité de se retrouver dans la même étude".

Sur ces bases, les auteurs se gardent bien de tirer une conclusion aussi hasardeuse que celle de l'auteur du chapitre 11. Elle est beaucoup plus humble et ne se risque pas à établir un avis comparatif : "La question la plus pratique est de savoir quel traitement produit le meilleur spectre de résultats pour un trouble particulier ? Quand la méta-analyse a été utilisée dans cette voie, pratiquement toutes les réponses spécifiques sont venues au premier plan [89,91]. Même avec la restriction concernant le diagnostic utilisée dans la présente étude, les réponses sont encore trop générales et ne permettent que la simple conclusion qui suit : elle est que chez des patients avec des névroses, de courtes périodes de psychothérapie verbale ou comportementale peuvent produire une amélioration significative qui persiste pendant au moins une année."

D’autres infos dans les jours qui viennent sur www.techniques-psychotherapiques.org

1. andrews g, harvey r. Does psychotherapy benefit neurotic patients ? Arch Gen Psychiatry 1981, 38 : 1203-1208. Accès à la traduction en français de l'article.

2. Expertise collective Inserm Psychothérapie, p 388

Voir également :

APA Online Practice http://www.apa.org/practice/peff.html
Reexamined the data of M. L. Smith et al (1980) on the benefits of psychotherapy in 475 controlled studies, using only studies of patients seeking treatment for neuroses, true phobias, and emotional-somatic complaints. The results of 81 controlled trials were integrated statistically using the meta-analytic technique. The condition of the typical patient after treatment was better than that of 77% of untreated controls measured at the same time, and the rate of relapse in the 1st 2 yrs was small. Behavior and psychodynamic verbal therapies appeared to be superior to other therapies. The relationship between severity of illness and choice of therapy is unknown, and could account for some of the differential effects, but does not vitiate this further evidence of the efficacy of psychotherapy. (94 ref)
--Does psychotherapy benefit neurotic patients? A reanalysis of the Smith, Glass, and Miller data. Andrews, Gavin; Harvey, Robin. Archives of General Psychiatry; 1981 Nov Vol 38(11) 1203-1208


Dernière mise à jour : 13/03/06
info@techniques-psychotherapiques.org