La conception et la mise en place d'une pratique fondée sur des données probantes dans le domaine des interventions psychologiques* poursuit son chemin.

Le processus a été engagé en 1995 par un premier rapport de l'Association Américaine de Psychologie qui a listé les traitement considérés comme bien établis ou probablement efficaces suivant un ensemble de critères standardisés. Ce rapport, dont un des objectifs était de répondre au risque que les psychotropes deviennent l'unique traitement des troubles mentaux, a suscité à la fois l'enthousiame et la controverse. Les critères de preuve d'efficacité sélectionnés et la méthode de recherche qui les sous-tendait ont suscité de nombreuses critiques et la méthode utilisée ont eu des conséquences qui se sont situées aux antipodes de ce qui était attendu. Les rapports entre chercheurs et cliniciens ont été distendus et la relation des cliniciens avec la recherche a été profondément altérée. Le type de recherche utilisé est souvent apparu comme incompatible avec des écoles de psychothérapie extérieures aux thérapies cognitivo-comportementales. L'APA a ainsi reconnu le risque que les recommandations puissent être utilisées de façon inappropiée par des organisations de santé mentale commerciales, qui ne seraient pas familières avec la base scientifique de la pratique, pour dicter des formes spécifiques de traitement et restreindre l'accès du patient à un soin spécifique.

L'Association Américaine de Psychologie a adopté en 2002 un document "Critères pour l'évaluation des référentiels de traitement". Il indique que la base de preuve pour toute intervention devrait être évaluée en fonction de deux dimensions séparées : l'Efficacité potentielle [efficacy] et l'Utilité Clinique. La dimension de l'Efficacité potentielle établit les critères de l'évaluation de la force de la preuve appropriée à l'établissement des relations causales entre les interventions et les troubles sous traitement. La dimension de l'Utilité Clinique inclut une prise en considération de la preuve disponible de recherche et du consensus clinique quant à la possibilité de généraliser, de la faisabilité (y compris l'acceptabilité par le patient) et des coûts et bénéfices des interventions.

En Août 2005, un texte majeur "Pratique fondée sur la preuve en psychologie " a été adopté comme politique de l'Association par le Conseil des représentants de l'APA sur les bases suivantes : "Le mouvement de la pratique fondée sur des données probantes est devenu un élément important des systèmes de soins de santé et la politique de soins de santé. Dans ce contexte, le Groupe de travail présidentiel APA 2005 sur La Pratique fondée sur des données probantes (Evidence-Based Practice) définit et discute la pratique fondée sur des données probantes en psychologie (EBPP). Dans une intégration de la science et de la pratique, le rapport du Groupe de travail décrit l'engagement fondamental de la psychologie pour une EBPP sophistiquéee et prend en compte l'éventail complet des données probantes que les psychologues et les décideurs doivent prendre en compte . La recherche, l'expertise clinique, et les caractéristiques des patients sont tous les trois considérés comme pertinents pour de bons résultats. L'EBPP favorise une pratique psychologique efficace et améliore la santé publique en appliquant des principes soutenus empiriquement d'évaluation psychologique, de formulation de cas, de relation thérapeutique, et d'intervention."

Le rapport replace le clinicien au coeur et à l'iniatitve de sa pratique tout en concevant une construction élargie des données probantes et en donnant aux attentes et valeurs du patient une grande importance. En 2013, elle a publié un récapitulatif des données à partir desquelles l'efficience des psychothérapies se trouve démontrée avec l'objectif qu'elles soient pleinement reconnues dans le champ du soin.

L'Association Canadienne de Psychologie vient de publier à son tour un texte de référence The CPA Presidential Task Force on Evidence-Based Practice of Psychological Treatments

Ce document opérationnalise ce qui constitue une pratique de traitement psychologique fondée sur les preuves (EBP). En terme de définition de ce qu'on entend par «preuves», les membres du groupe de travail se sont intéressés à une définition qui soit assez complète pour intégrer les idées suivantes: (1) la preuve issue de la recherche évaluée par les pairs est centrale; (2) les psychologues devraient être fondés sur des données probantes, non seulement dans leur fonds général de connaissances, mais aussi dans leur travail séance par séance; (3) le processus implique également une collaboration avec un client / patient (plutôt qu'un processus de haut en bas). Une hiérarchie des preuves est également avancée est qui soit respectueuse des différentes méthodologies de recherche, acceptable pour les différents groupes d'individus et déjà complète et convaincante.

Le texte "Pratique des traitements psychologiques Basée sur des données Probantes : une perspective canadienne" est destiné à soutenir les psychologues canadiens à fournir des traitements qui sont guidés par les meilleures preuves disponibles. Ce document n'a pas pour but de fournir un examen exhaustif de la littérature de l'Evidence-Based Practice (EBP). Au contraire, il définit l'EBP et fournit une hiérarchie des preuves disponibles. Ce document contient également plusieurs courts exemples provenant de divers domaines de la pratique qui servent à illustrer la manière suivant laquelle la hiérarchie peut être appliqué à différents problèmes et populations qui se présentent. Une série de vignettes étendues décrit également le processus de EBP en termes de conceptualisation de cas, d'évaluation initiale et continue, de planification du traitement et de mise en œuvre des interventions psychologiques. Un guide pour le grand public et les personnes ayant vécu des expériences met en évidence la valeur ajoutée que les psychologues apportent à la compréhension, l'évaluation et le traitement des problèmes de santé mentale et de comportement. Est également incluse dans le présent document, une liste de documents de référence pour aider les psychologues professionnels à trouver des renseignements fiables sur l'EBP. Enfin, nous terminons avec une série de recommandations pour faire progresser l'EBP des traitements psychologiques.

Notre intention pour ce document est de fournir un ensemble de lignes directrices qui favoriseront l'intérêt, d'encourager le développement et de promouvoir l'efficience dans l'EBP. Nous espérons que les lecteurs trouveront Pratique des traitements psychologiques Basée sur des données Probantes : une perspective canadienne utile, lorsqu'ils cherchent à fournir et à mettre en œuvre les meilleurs traitements psychologiques possibles.

[qui est le résultat du processus suivant.

En 2011, le conseil d’administration de la Société canadienne de psychologie (SCP) a créé un groupe de travail ayant pour tâche de préciser les traitements psychologiques basés sur des données probantes dans le but à la fois d’appuyer et de guider les praticiens et d’informer les parties prenantes. Cet article décrit les travaux de ce groupe, présente sa raison d’être, fournit une définition complète de la « pratique fondée sur des données probantes » ou « factuelles », et propose une hiérarchie des preuves qui est respectueuse des diverses méthodologies de recherche et acceptable pour différents groupes, tout en étant exhaustive et convaincante. L’objectif primaire était de présenter une méthodologie ou une démarche globale pour la réflexion sur la pratique fondée sur des données probantes de façon que les psychologues puissent offrir et mettre en application les meilleurs traitements possibles. À cette fin, notre intention, par ce document, était de fournir un ensemble de lignes directrices et de normes qui favoriseront à la fois l’intérêt a` l’égard de la pratique fondée sur des données probantes, son efficacité et son développement.

En Mars 2011, le Conseil d'administration de l'Association Canadienne de Psychologie (ACP) a lancé un Groupe de Travail sur la pratique basée sur les preuves des traitements psychologiques pour soutenir et guider la pratique, ainsi que pour informer les parties prenantes. La santé et les troubles psychologiques sont clairement une priorité pour un grand nombre de groupes d'intervenants du Canada (par exemple, la Commission de la santé mentale du Canada, le Conseil du Trésor, l'Agence de santé publique du Canada) et leur traitement efficace est ainsi une priorité importante pour l'ACP.

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